30 mars 2008

Red One - tout sur la post-prod

L'un des chemins possibles. ©fxguide 2008

Pour ceux d'entre vous qui ont envie de certitudes plutôt que de ragots, nos amis de fxguide ont posté deux Podcasts qui expliquent en détail les diverses solutions de post-prod offertes par les données qui sortent de la RED. C'est court, clair et très instructif.
La page des Podcasts se trouve ici, les épisodes qui concernent la RED sont les 22 et 23.

Red One: pourquoi tant de polémiques?



Pendant les premières années (celles des promesses et des effets de manches) on pouvait comprendre les doutes des techniciens et des loueurs quant à la viabilité de la Red One. Une caméra 4K pour la moitié du prix d'un Hasselblad (ou le double d'une bonne HDV), ça pouvait faire sourire, d'autant plus qu'elle était fabriquée par un marchand de lunettes de soleil. Que n'a-t-on pas lu dans les forums à propos de cette caméra? Que de fiel, que d'agressivité, que de moqueries. A propos d'un produit qui n'était pas sorti.
Maintenant que plus d'un millier de ces caméras ont rejoint leurs propriétaires, les propos négatifs changent de nature: OK, la caméra existe et fonctionne et ses images sont magnifiques et je peux les monter sur mon Final Cut et les objectifs/accessoires ont un rapport qualité/prix imbattable MAIS...
  • on ne peut pas monter nos images 4K sur un MacBook,
  • on ne comprend pas l'utilité du RedCine,
  • les fichiers sont trop gros...
J'en passe et des meilleures. D'après les infos sur les acheteurs, ce sont surtout des petites boîtes de prod qui ont envie de s'émanciper en passant du HDV au 4K. Puisque les prix restent dans le même ordre de grandeur, les gens pensent sans doute que les flux de post-prod et l'expertise nécessaires sont à peu de choses près équivalents. Erreur. Tirer le meilleur des fichiers RAW 4K, c'est comme tirer le meilleur d'un négatif film: il faut des connaissances spécifiques, du matériel et de l'expérience. Les connaissances sont rapidement acquises (le site red.com propose par exemple des tutoriaux vidéo très explicites et le manuel de la caméra est un modèle du genre), les forums et les livres sur le traitement des fichiers RAW abondent, encore faut-il avoir l'humilité de reconnaître ses lacunes.
Or les détracteurs actuels de la Red montrent tous les signes de l'impatience colérique des enfants trop gâtés. Laissons-les se calmer, et passons aux choses sérieuses.

Quand des adultes se servent de cette caméra, ça donne plutôt ce genre de témoignages:
"I have had the opportunity to test the RED ONE camera over the past few weeks, including direct comparison to the same film I shoot on ‘24’. All I can say is that I am totally amazed. Revolutionary might not be a strong enough word to describe what RED is doing." Rodney Charters, chef op de "24"

27 mars 2008

Red One - tests



La version du soft testée était la 15.2

Pour commencer par la conclusion, je suis vraiment séduit par la bestiole.
A vrai dire je ne comprends pas les grincheux qui cherchent encore des poux à cette caméra. Elle n'est certes pas irréprochable, mais j'aimerais bien que tous les produits/logiciels en Beta test se comportent aussi bien que la Red One: elle remplit sa mission sans problème, y compris - et c'est important - jusqu'à la fin de la post-production.

A l'initiative de C-Side et Earthling, deux boîtes de prod genevoises, nous étions quelques uns à pouvoir mettre cette caméra au pied du mur.
Equipée d'objectifs Zeiss à monture PL nous avons tourné des intérieurs sombres et des ext. jour. La restitution des infos de luminance et de chrominance est impressionnante.
Equipée d'objectifs de qualité, cette caméra représente une alternative très intéressante par rapport à ses grandes soeurs (grandes, la plupart du temps, surtout par leur prix).
Mes seules réserves tiennent plutôt à l'ergonomie de la caméra: à l'épaule, il est indispensable de se faire aider par un assistant (le panneau arrière est inaccessible dans ce cas). De toute manière cette caméra s'utilise davantage comme une caméra film que comme une HDV.
Autre aspect à surveiller: le léger grain qui apparaît - comme en film - dans les pénombres non maîtrisées. C'est un problème qui se règle sur le plateau par l'éclairage, et sur la caméra par un filtre "degrain" efficace.
Pour les tournages à l'épaule, prévoyez un bon petit moniteur léger et un bras magique résistant pour bénéficier d'un retour vidéo digne de ce nom.
Je me réjouis vraiment de tourner avec cette bombe!

24 mars 2008

Les verts de LOST






Depuis qu'une bonne partie de l'action de la série LOST s'est déplacée en intérieurs ou ailleurs dans le monde, les chefs op de la série ont fréquemment recours à un Vert spécifique qui est peut-être destiné à rappeler la végétation de l'île. La première fois que ça m'avait frappé, c'est quand on était rentré dans le bunker-prison quelque part dans la seconde saison. Les verts y étaient omniprésents, un peu trop à mon sens.
Dans les environnements urbains, ce vert est opposé à un jaune sale qui dégrade l'image suffisamment pour que le vert se fonde mieux dans le décor.
Parfois le choix de la couleur des accessoires (comme la voiture dans cette séquence filmée à Manhattan) enfonce encore le clou.
Cette couleur si peu flatteuse pour les comédiens devient parfois plus chaude, ou plus vive (vert poison) lorsqu'il s'agit d'éclairer un visage féminin. Ca passe mieux.

Dans tous les cas, c'est un exemple de stylisation inhabituellement poussée dans une série commerciale.
Je n'ai rien lu de spécial à propos de ce vert dans les divers interviews sur LOST. Avez-vous des infos?

Cadeau

Spectaculaire, drôle et vraiment bien photographié. C'est mon cadeau de Pâques.
Pour la petite histoire: réalisé en 5 jours.

21 mars 2008

Dexter - un générique virtuose



La série Dexter, qui va bientôt commencer sa troisième saison, me semble passionnante à plus d'un titre. En dehors de l'écriture, du charisme des personnages, de la force du concept, le générique qui ouvre chaque épisode mérite une attention soutenue.
Basé sur l'idée que nous commettons chaque jour des actes dont nous ne soupçonnons pas la violence, le générique de la série montre le réveil et le petit déjeuner de Dexter comme une série de crimes ou de massacres qui ont en commun des analogies avec le sang.
Scrutant de près, ou adoptant le point de vue des objets ou des aliments que nous utilisons chaque jour, la caméra transforme des actes anodins en meurtres: éviscération (l'orange... sanguine), strangulations (le fil dentaire, les lacets), étouffement (le T-shirt), broyage et noyade (le café), découpage (l'oeuf), etc. Formellement, les palettes très réduites de couleur, de netteté et de lumière renforcent la sensation d'étouffement en éliminant sciemment tous les éléments qui laisseraient l'oeil "respirer":
  • Les couleurs retenues, en dehors du rouge sang, sont le vert (la complémentaire) et le jaune. Même la couleur chair est désaturée et contrastée;
  • Les longues focales contraignent en général la vision à une zone de netteté réduite;
  • Les lumières (fortes et directionnelles) sont disposées pour assurer une séparation optimale entre les premiers et arrières-plans, focalisant l'attention sur les détails violents;
  • le lavabo est par contre éclairé comme une salle d'opération - ou d'autopsie;
Ce générique est un bel exemple de maîtrise conceptuelle et artistique (il est purement cinématographique, toutes les métaphores proposées naissent dans la tête du spectateur comme dans une séquence de meurtre hitchcockienne). Comme tout bon générique, c'est un mini-film qui esquisse dans les grandes lignes tout ce qui suivra.

J'en ai extrait quelques photos pour vous permettre de vous arrêter sur les détails. Cliquez sur la photo.

De Dexter openin...

HEAVEN - le son qui rend les images meilleures


Aujourd'hui, je viens d'assister à une projection du mix final de HEAVEN, le court-métrage de Mohcine Besri que je produis. Je ne suis pas vraiment producteur, mais l'ai pris en charge pour qu'il se concrétise, parce que son sujet - les viols collectifs - avait effarouché pas mal de monde. Et maintenant que je vois le résultat final, j'en suis très fier. J'avais aussi éclairé et cadré le film, qui a été tourné en HD avec le RedRock et des longues focales Nikon.

La bande-son du film a été montée/mixée par Gabriel Hafner sur Pyramix au studio Nos Sons Mix à Rolle (que Godard affectionne, et qui a remporté en 2007 le César du meilleur son pour "Quand j'étais chanteur").

En redécouvrant le film avec ces sons si justes, si limpides, je me suis pris à redécouvrir les images, et à les voir différemment. Plus intenses, plus fortes. Et je n'y suis évidemment pour rien - le film n'est même pas étalonné. Cette session a été pour moi la redécouverte d'une évidence: un bon son rend les images meilleures.

Prochaine étape: l'étalonnage. J'espère pouvoir le faire sur la station Matrix de FreeStudios, avec Boris Rabusseau. Je vous tiens au courant.

19 mars 2008

Micro Salon 2008

Ce que je retiens du Micro Salon cuvée 2008, ce sont des nouvelles sources de lumière dont l'essentiel est résumé dans le dernier numéro de l'ICG magazine (lien direct). Non mentionné dans ces nouveautés, le Litepad de Rosco (lien direct) que je trouve encore plus intéressant que le LitePanel, parce que la lumière est douce par le fait que les diodes sont pointées horizontalement vers la surface du panel, surface qui devient donc lumineuse et qui éclaire à son tour. La puissance de la source permet d'ajouter des gels de correction (+ green) sans trop de dégâts.

Maluna, qui propose des boules chinoises carrées bien pratiques, sort sa Luciole Mega (allez voir la chose sur leur site).

En bref:

  • Vu la Louma 2 en action, qui ressemble à la Technocrane;
  • Airstar en vedette, avec une doc technique ciblée chefs op;
  • Assisté à une présentation de la nouvelle mire couleur proposée par la CST pour s'y retrouver dans les dizaines d'espaces colorimétriques en vogue (le technicien blasé/cynique/brouillon qui la présentait ne donnait pas envie d'aller plus loin, mais c'est pourtant un domaine de recherche fondamental);
  • Pas encore vu les tests de la nouvelle pellicule FUJI 160 ISO;
  • Assisté à une démo de Pénélope, la nouvelle Aaton 35mm, en version 3 perf;

Le Micro Salon est aussi l'occasion d'assister à des projections digitales frisant la perfection technique, et je dois dire que la bande-annonce du nouveau film de Barratier "Faubourg 36", éclairé par Tom Stern (collaborateur d'Eastwood) m'a presque décollé les rétines. Non pas que le film soit captivant - le scénario sent un peu le poisson d'avant-hier - mais la richesse des couleurs, l'onctuosité des contrastes, la pêche fulgurante de ces images m'ont totalement séduit.

Et pour couronner le tout, on a eu droit à quelques rushes 35mm étalonnés d'"Océans", l'ambitieux docu sous-marin produit par Jacques Perrin. Des plans tournés sous la glace, presque monochromatiques, d'une beauté à faire peur. Perrin tourne ce film depuis quatre ans, et teste comme d'habitude les technologies les plus adéquates. A en croire ses choix, le 35mm reste, dans certains cas, un support de prédilection. Le travail de post-prod, impeccable, est assuré dans les 2 cas par Digimage Cinéma.

16 mars 2008

Bluescreen, "Gondry style"


Les couleurs de cette photo (prise avec un portable) ne sont pas fidèles à la réalité. L'objectif est de montrer une partie de l'installation: Blondes diffusées, PAR64 projetés verticalement sur des réflecteurs, et au fond un 5kW soft pour modeler un chouïa la lumière sur les intervenants, sans pour autant toucher le fond bleu.
Aujourd'hui travail sur de faux bluescreens (aucune incrustation ne sera faite en post). Objectif: une lumière douce, qui permette une chorégraphie sans ombres fortes, de 10 personnes, elles aussi en bleu, qui bougent à vue des éléments de mobilier. Petit budget = Tungstène, en l'occurence beaucoup de Blondes et des ambiances 5kW. Tout est diffusé ou réfléchi.

11 mars 2008

I am Legend: l'ASC Magazine se rattrappe



Il aura fallu attendre le numéro de février du magazine de l'ASC pour lire un papier détaillé sur le travail d'Andrew Lesnie sur "I am Legend". Et comme toujours avec les films à gros budget,
on reste sans voix devant le déluge de moyens. Par exemple, cette photo montre le décor de Times Square où Will Smith évolue.
Dans le numéro de mars, il y a quelques pages intéressantes sur deux séries sexy: Mad Men, dont je vous avais parlé, et Desperate Housewives. On devinait que les chefs op de cette dernière série travaillaient avec des "butterflys" (de par l'ombre qu'ils projettent sur le macadam), mais voici une photo d'un de ces dispositifs:



Lowell Peterson, ASC, sous l'un des "Fly Swatters" utilisés pour adoucir la lumière solaire avant qu'elle ne frappe le visage des 4 housewives. En intérieurs il utilise des Barger Baglites très diffusées et munies de nids d'abeilles épais, et des LitePanels (un cluster de LEDs) pour les yeux de ces dames. Avant d'attaquer la série, il était connu comme un chef op spécialisé dans les visages. Sa référence: les films de Douglas Sirk. Miam!


Préparation des séquences d'ouragan dans les derniers épisodes cataclysmiques de la série.

08 mars 2008

Spot pub Gruyère



Je reviens du village de Gruyères (mais oui il y a un "s") où j'ai tourné une pub pour le célèbre fromage, en Super-16.

L'agence Art Com avait supposé, à raison, que la pellicule serait plus indiquée pour filmer des paysages couverts de neige. J'ai travaillé avec la 250D de Fuji dont le rendu doux dans les très hautes lumières m'avait beaucoup plu sur "Il neige à Marrakech".

Le négatif est passé aujourd'hui dans un télécinéma "best light", c'est-à-dire que chaque plan a été étalonné indépendamment des autres, à l'inverse d'un téléciné "one light" qui projette une lumière constante sur toute la longueur de la bobine du négatif. Le TC a été étalonné par Jürgen Kupka, un spécialiste avec lequel j'adore travailler sur les projets qui me permettent une post-prod en Suisse. Il opère chez Boost, une unité de cinéma digital d'Egli Film à Zurich.

Parmi mes autres complices habituels, j'ai retrouvé mon 1er Assistant Caméra favori, Leandro Monti et mon chef électro Guillaume Payen.


Leandro Monti, 1er AC.

La liste lumière consistait en une palette de HMI (2x 2,5 kW) et presque toutes les puissances inférieures, ainsi que des cadres de diffusion dotés de diverses toiles.

La caméra était une Arri SR-III de chez Eberle Film Equipment, à Zurich. Grand angle Century 6mm et zoom Canon 8-64mm. Pola circulaire, filtres ND évidemment. Retour vidéo, Follow Focus, etc. Leandro a amené ses propres gadgets, dont un laser très précis pour assurer une mise au point au quart de poil.

Au rayon machinerie, nous avions une grue Pro-Miller (très performante) qui a supporté sans broncher une magnifique tête O'Connor 2575C et la caméra complètement équipée.

Le tournage s'est passé sans encombres, malgré des conditions climatiques difficiles - froid intense ou humidité record dans une fromagerie en activité. La robustesse du matériel cinéma a une fois de plus fait ses preuves.

Nos images seront mélangées à des plans plus documentaires, tournées par l'agence il y a quelques mois. Le résultat sera visible sur TF1 et M6 dès la mi-avril.