29 novembre 2018

Les meilleurs filtres de diffusion - la série Tiffen


Très à la mode dans les années glamour (1940/50), utilisés jusqu'à l'overdose dans les années 60, puis méprisés par le cinéma-vérité, les filtres de diffusion sont discrètement revenus devant les objectifs depuis que les optiques et les capteurs ultra-définis ont attiré l'attention sur les ridules, pores, et autres mini vaisseaux sanguins sur les visages et dans les yeux des comédien.ne.s.

Dans son Guide image de la prise de vues cinéma, François Reumont avait pris la peine de photographier les effets des filtres les plus couramment utilisés, à des fins comparatives.
Ce livre longtemps épuisé est à nouveau disponible, et je vous le recommande vivement. D'autant plus qu'il a été augmenté d'une section sur les caméras numériques.

Il y a quelques années la marque Tiffen a sorti un comparatif tourné en 4K dans des conditions optimales, pour afficher sa palette de filtres de façon objective. C'est d'autant plus pertinent que ces tests ont été filmées sur la Sony F55, une caméra qui restitue des images très réalistes avec un petit look électronique. Une occasion rêvée de montrer comment un filtre bien choisi peut réintroduire un peu d'âme dans une image trop clinique.

Voici donc ce test exhaustif, et si vous le regardez sur Vimeo il y est chapitré pour vous permettre de choisir les sections qui vous intéressent. Mais je vous recommande de le voir une première fois de A à Z, pour comprendre la logique de la gamme. La diffusion peut agir pour flouter les détails, diminuer la résolution, le contraste, colorer les basses lumières et même simuler un léger brouillard. Le tout de façon plus ou moins subtile.




Mes filtres préférés chez Tiffen: Satin, Black Satin, Pearlescent, Black Soft/FX.
Et les votres?

Je posterai prochainement sur les Diffs de Schneider Optics.
Et ce mois-ci American Cinematographer publie un comparatif des diffs pour projecteurs. J'y reviendrai dans quelques jours.

Copyright (c) - The Tiffen Company LLC

27 novembre 2018

Rembrandt: lumière, mouvement et profondeur de champ


Les analyses de tableaux peuvent être barbantes quand elles évoquent davantage celui qui interprète que l'oeuvre elle-même. 

En l'occurence, cette déclaration d'amour à "La Ronde de Nuit" de Rembrandt est tout l'opposé. Et elle nous intéresse doublement, puisqu'il y est question de composition et de lumière.

Sur le film YouTube ci-dessous, activez si nécessaire les sous-titres traduits en français et préparez-vous à cinq minutes bien inspirantes.

"La Ronde de Nuit", ou comment un peintre transforme une oeuvre de commande en une recherche très personnelle - et universelle - sur la lumière, les ombres, la profondeur de champ et d'autres concepts qui guident notre regard et captivent notre imaginaire.



18 novembre 2018

Bruno Delbonnel dégaine son 27mm

All screenshots © Netflix 2018


Quoiqu'on puisse penser du film en lui-même, le dernier Opus des frères Coen s'impose par ses qualités visuelles.

Le sens du cadre des Coen multiplié par le talent de Bruno Delbonnel, ça donne l'un des films les plus séduisants de 2018.

Dans une interview accordée à Variety sur "The Ballad of Buster Scruggs" Delbonnel précise que ce film tourné en Alexa comporte majoritairement des plans cadrés au 27mm, sa focale de prédilection.

Il insiste sur le fait que sa collaboration avec les chefs déco est primordiale. Les décors de ce film, signés Jess Gonchor, semblent en effet conçus pour être filmés en courte focale.

La lumière de "Buster Scruggs" donne de furieuses envies d'arrêts sur image, et l'étalonnage confère au tout une superbe patine.

A voir sur Netflix.









De passage à Camerimage, Delbonnel passe en revue son travail sur ce film, que ce soit dans les détails de certains plans ou plus généralement sa collaboration avec les frères Coen. Merci à l'AFC pour cette interview passionnante!




07 novembre 2018

Dans l'ombre d'Orson Welles

Quelques screenshots tirés des 20 minutes du "film dans le film" de "The Other Side of the Wind" - copyright Vashi Visuals 2018

A de rares exceptions près, les chefs op des monstres du cinéma restent inconnus du grand public. Pouvez-vous citer ceux de Kubrick, Hitchcock ou Welles? Ces cinéastes s'entouraient d'excellents techniciens dont l'ego étaient inversément proportionnels aux leurs.

L'un des moins connus est sans doute Gary Graver, qui a signé la majorité des plans du dernier film d'Orson Welles, "The Other Side of the Wind". Un film que personne n'avait jamais vu et qui sort enfin, après 40 ans d'acharnement - le dernier en date étant un financement participatif sur Indiegogo.

Tourné en Super-8, 16mm et Super35, en plusieurs fois entre 1970 et 76, il équivaut dans la filmo de Welles au "Huit et demi" dans celle de Fellini: un cinéaste en plein doute tente de réaliser un film sur l'impossibilité de réaliser un film. C'est le mythique John Huston qui joue le rôle du réalisateur.

Vashi Visuals vient de mettre en ligne un montage des 20 minutes tournées en Super35. Le travail cadrage / lumière / montage est assez expérimental, mais efficace et "frais". Au point qu'il fait davantage penser au travail d'un jeune réalisateur qu'à celui d'un vétéran du cinéma.

Si vous avez peu de temps, sautez à 9:27 dans la vidéo ci-dessous:




Bande-annonce du film Netflix:




Orson Welles évoque la prod mouvementée de ce qui sera son dernier film:


Brève interview de Gary Graver, qui a également chefopé des centaines d'autres films en seconde équipe, comme "Indiana Jones and the Last Crusade" ou d'obscurs films de zombies.

infos IMDB sur le film: c'est ici
Le film sort ces jours sur Netflix.