09 novembre 2019

Diffusions : les gels



Ce post aborde les gélatines, tissus et autres matériaux de diffusion couramment utilisés sur les plateaux de fictions, docus, spots pubs ou interviews. Pourquoi l'illustrer avec un paysage partiellement ensoleillé ?

C'est qu'en matière de diffusion, le ciel qui nous surplombe nous offre de beaux exemples d'applications créatives. Lorsque la lumière solaire percute le sol sans traverser d'obstacles +/- opaques, elle projette des ombres nettes et contrastées.
En revanche, lorsqu'elle a traversé une couche de nuages, elle projette des ombres floues et peu contrastées. Et au passage, elle a perdu "quelques diaphs". Cette observation résume les propriétés des gélatines de diffusion, que l'on place entre les sources et les sujets qu'elles éclairent.

© Marilyne Dufourg

Petite note en passant, on parle de gélatines alors que les matériaux de diffusion sont souvent davantage des plastiques, tissus synthétiques, fibres non tissées ou feuilles de calque.

La diffusion sert à adoucir la transition entre les zones d'ombre et de lumière, et contrôler la pénombre.

Les diffuseurs les plus légers laissent passer l'essentiel de la lumière et se contentent de déboucher légèrement les pourtours des zones d'ombre. Lorsque l'on regarde au travers de ces matériaux, on voit distinctement la source derrière eux.
C'est l'équivalent d'un soleil dans un ciel bleu ou faiblement nuageux: l'atmosphère se contente de déboucher les ombres, mais on distingue encore clairement les ombres nettes des objets.

Exemple:

Ombres portées non diffusées
Ombres portées légèrement diffusées par un Light Spun
La source (1K Fresnel) vue à travers le Light Spun

En revanche, les diffs les plus épaisses ne laissent plus deviner la source qu'elles adoucissent. Elles *deviennent* la source. Sous cette lumière, on ne distingue plus l'ombre originelle, +/- nette de l'objet: la zone de transition est uniforme.

Dans la nature, c'est le cas d'un ciel gris, ou d'un "jour blanc", où le voile nuageux ne laisse pas deviner le disque solaire.

Ombres portées diffusées par un 216 (Full White Diffusion)

La source vue à travers du 216


Combinaisons créatives


Sur un plateau, il peut être intéressant de combiner les effets de lumière dure (directe, non diffusée) et adoucie.

Par exemple, en ne diffusant qu'une partie du faisceau - la moitié qui éclaire un visage - en laissant le reste du faisceau "brut" éclairer le fond du décor.
Ou en trouant la toile de diffusion pour provoquer des fuites de lumière dure.
Ou en plaçant une petite source dure devant un grand cadre dont le gel diffuse une source à l'arrière.

La créativité peut aussi s'étendre aux matériaux que vous utilisez pour diffuser vos sources. Une visite dans un brico ou une papeterie vous inspirera quelques idées pour varier les textures et les couleurs de vos diffusions.
Certains rideaux de douche transforment la lumière de façon très intéressante, par exemple en irisant le faisceau.
Des feuilles d'isolation thermique (comme le Dépron) sont couramment utilisées sur les plateaux francophones.
J'ai recouru à des plaques de toiture en polycarbonate (des sortes de tôles ondulées translucides) dont les "fibres" texturent la lumière du soleil ou des projecteurs, et la colorent dans des teintes vert/jaune.
Pour en rester aux diffusions colorées, une de mes favorites reste le papier Kraft (lien vers une recherche Google), un matériel d'emballage brun résistant. Bien tendu sur un cadre, enduit d'huile, il donne une magnifique teinte légèrement cuivrée à la lumière qui le traverse.
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Les images comparatives ci-dessus sont tirées d'un article très intéressant publié sur le site de l'ASC.
Le PDF de l'article de l'ASC (en anglais) pour ceux d'entre vous qui n'auraient pas accès au site:

https://drive.google.com/open?id=1UW9Q6MMrRxJ36lFrzKysYGc8W9n9JHsX