24 novembre 2012

Kaminski s'explique




Alors que bon nombre de chefs op affirment adapter leur esthétique en fonction de critères extérieurs (scénario, références données par le réalisateur, univers créé par la déco, ...) les choix esthétiques de Janusz Kaminski, tout comme ceux de Robert Richardson d'ailleurs, reposent avant tout sur leur goûts personnels.
Kaminski s'en explique dans un exercice intéressant proposé par le magazine Vulture: commenter ses 10 plans préférés.

Comme il le résume lui-même:
"It's a big palette, the movie screen. I dare to compare myself to painters, but I just have a bigger canvas to adapt to. If you don't like my painting, don't see the movie, you know?"

Ce lien vous mène sur Vulture: http://goo.gl/Af8Uf

D'après la bande-annonce de Lincoln, il recourt à de nombreux contre-jours, dont certains particulièrement risqués: la fumée omniprésente révèle parfois des sources placées au sol, ce qui est incongru pour un film d'époque.

Ma question: pourquoi n'osons-nous pas prendre ce genre de libertés?
J'ai 2-3 idées:
1) la peur du regard des confrères: "on sent tes sources", "c'est pas professionnel";
2) les moniteurs sur le plateau, qui permettent à chaque membre de l'équipe de donner son avis (il se trouve toujours quelqu'un pour signaler au réalisateur qu'on devine une source ou que les couleurs sont "bizarres");
3) le respect des conventions.

Sur votre prochain film: lâchez-vous. Tentez une manoeuvre inusitée. Un dérapage contrôlé. Et assumez sereinement le résultat.

En plus de révéler des sources froides - alors que les appliques dégagent une lumière chaude - le fog présent sur le plateau révèle une source droite cadre, placée au sol et masquée par un comédien. Cette source permet à Kaminski d'éclairer l'orateur debout.