26 novembre 2007

Pour le plaisir des yeux

Le cours lumière s'est très bien passé, merci à chacun des participants! Je file en Corée du Sud pour un petit tournage. Je profiterai du week-end pour aller faire un trek dans le parc naturel de Seoraksan. Ce qui m'a convaincu d'y aller? Cette photo:



Je penserai à vous dans les brumes éternelles du Pays du Matin Calme.

16 novembre 2007

Pluie, ombres et brouillard



Demain samedi soir une fraction de l'équipe originale de Vincent, le Magnifique se retrouvera au bord d'une tombe pour filmer une séquence nocturne sous la pluie. Une pluie artificielle, bien sûr. L'avantage de la pluie ou d'un léger brouillard, dans les séquences d'extérieurs nuits, et de donner une texture à l'air, et de donner au cerveau des points de repère d'échelle qui lui facilitent la lecture tridimensionnelle de l'espace: les avants-plans sont nets et contrastés, alors que les arrière-plans se perdent peu à peu dans les masses grises de la pluie ou de la brume. Notre cerveau est alors capable de jauger l'éloignement des éléments par rapport à la caméra, et donc de restaurer la troisième dimension, celle de la profondeur.

Fumée et pluie peuvent aussi servir à créer des atmosphères fantastiques, et donner du caractère aux images. Exemple ci-dessous tiré du tournage du précédent film de Pascal Forney. Une séquence nocturne - le cauchemar d'un épouvantail - montrait une moissonneuse batteuse qui devait s'approcher du personnage avec un air menaçant.
De nuit, l'engin n'avait rien de bien spécial. Pour en faire un personnage de cartoon, on a commencé par lui installer des yeux (des PAR64 avec des gels d'un vert spécifique à la palette du film):



Les contours de l'engin se sont pas lisibles, et il ne dégage rien d'effrayant. L'ajout de fumée 10 mètres derrière, et éclairé en contre-jour, en dessine les contours et évoque quelque chose de plus menaçant:



La scène se passant par une nuit d'orage, on ajoute notre propre pluie en deux couches distinctes: un large rideau pour le fond, légèrement à l'avant du véhicule, et un rideau plus étroit au premier plan, à cinq mètres de la caméra. Dans le but de contôler l'effet graphique de la pluie, les deux rideaux sont éclairés séparément (des HMI CinePar 2.5 avec nid d'abeilles et diffusés par des grands cadres pour rendre chaque goutte bien lumineuse).

L'effet final donne une image qui illustre l'état mental du témoin de la scène: cette moissonneuse est tout droit sortie des Enfers.


photos © Julien Etienne

10 novembre 2007

Prochain cours lumière: imminent

Le prochain cours lumière sera donné à Genève le week-end du 24 et 25 novembre. Ce sont les seules dates qui convenaient à tous les participants déjà inscrits. A bientôt!

09 novembre 2007

Autres photos du film


© Melina Costas
Rachel Gordi & Alexandre De Marco

Melina Costas est Directrice Artistique sur Vincent, Le Magnifique. Elle a la charge de coordonner les couleurs et les textures tant au niveau du maquillage, des coiffures, des costumes et des décors. Son travail influence évidemment beaucoup le mien.
Il est rare en Suisse de travailler avec un tel interlocuteur, mais je trouve ça précieux, surtout pour un film en costumes, un conte qui se doit d'être cohérent. Par exemple la palette de couleurs a été déterminée plusieurs mois avant le tournage, pour que tous les départements puissent accorder leurs efforts dans la même direction.
Melina tient aussi un blog, dont voici l'adresse: http://www.melinacostas.ch/blog_frame.htm
Une visite s'impose, évidemment.

Flammes

Dilemne: tourner dans des décors hautement inflammables des séquences sensées être éclairées à la torche. Solutions:
1. Utiliser des sources électriques dont on fait varier la puissance (par flickerboxes, variateurs de type triac, ou par d’autres truchements - en l’occurence pour nous via une console DMX);
2. Utiliser des sources électriques que l’on fait “flicker” par divers moyens mécaniques. Par exemple en les réfléchissant sur des tissus colorés en mouvement, ou en les faisant traverser des obstacles mobiles. C’est l’un des moyens les plus économiques. Perso j’aime bien mettre mes mains de chaque côté du Fresnel et faire onduler la lumière en bougeant les doigts aléatoirement. Exercice à pratiquer plusieurs jours sur les sources qui éclairent les décors avant de passer sur celle qui illumine le visage de l’actrice principale;
3. Recourir à de vraies flammes.

La dernière solution est évidemment la plus hardie, et à première vue la plus incontrôlable. La solution pour Vincent m’a été inspirée par un dispositif que j’avais découvert sur le tournage d’une saga Viking en Islande. Le chef op brouillait le faisceau de ses PAR64 (dimmés à 50%) avec des becs de gaz, qu’il appliquait directement devant le projecteur. Les ondes de chaleur faisaient vibrer la lumière.
Pour adapter cette technique j’ai demandé à l’un des décorateurs du film, Gabriel Sklenar, de me fabriquer des becs de gaz en U percés de 3 ou 4 trous en périphérie. La forme en U permet d’approcher le brûleur de la source sans projeter l’ombre de la tige métallique. Les 3 ou 4 (gros) trous se font face. L’intensité des flammes dépend de la pression du gaz Propane. Et comme elles se rejoignent au milieu, on a l’impression de voir une seule flamme de torche, qui peut être très puissante. J’en variais parfois l’intensité en cours de prise.

Du fait des risques encourus et du procédé un peu primitif, je prévoyais de les utiliser en contre-jour ou devant des projecteurs, mais dans un rôle secondaire. Or dès le premier jour il m’a paru évident que ces torches spéciales pourraient bel et bien servir de Keylights pour les personnages principaux. Pas la moindre alerte incendie en une semaine.
Effet secondaire: des comédiens ravis parce que tout près de la seule vraie source de chaleur du plateau. Le reste de l’équipe travaillait aux alentours des 4°C.



© Melina Costas


© Melina Costas

L'une des pauvres assistantes de Vincent. Toutes les séquences de tours de magie du cabaret ont été éclairées avec un mix de Sklenars et de projecteurs tungstène sur console DMX.

J’ai proposé à l’équipe de baptiser ces torches d’un nom technique un peu compliqué, qui leur vaudrait le respect automatique des générations futures de chefs électros à la recherche d’un effet feu à la fois réaliste et contrôlable. C’est chose faite: nous les avons appelé les Sklenars.

08 novembre 2007

Vincent - clap de fin


© Arnaud Gantenbein

Tournage terminé, plein de choses à raconter. Voici déjà quelques photos prises sur le plateau par certains membres de l'équipe.

01 novembre 2007

Vincent - déménagement à Ballenberg


En attendant les photos du tournage, voici une vue de ma chambre. Il y a pire.
Ne manquez pas les journaux de bord du tournage, l'un des derniers segments concerne l'image.