28 juin 2009

Master Class - Geoff Burton et les tournages en décors réels






Cette Master Class se propose de faire le tour des éclairages les plus courants en situation de tournage dans des décors réels, en extérieurs et intérieurs jour.

Mis à part le fait qu'on recourt aujourd'hui davantage aux KinoFlos en intérieurs jours, les bases (direction, stratégies, astuces) restent valables.

Geoff n'est pas avare de conseils: à vous de les appliquer judicieusement.
C'est ici que ça se passe.

Kodachrome: The End




Après la disparition annoncée de l'ampoule à incandescence, voici celle du Kodachrome.
C'était une émulsion mythique. Kodak a préparé un joli diaporama, mais les clichés de Steve McCurry (de 14 à 32) sortent du lot. Elles font la part belle à la lumière naturelle.

25 juin 2009

Les photons organiques



Les écrans OLED remplaceront peut-être un jour votre plasma/LCD.
En attendant, Konica Minolta lance une nouvelle source de lumière basée sur cette technologie.
Avantages: bon rendement, faible chaleur, finesse, puissance, flexibilité, poids...
Désavantage: sans doute la température de couleur, et encore j'en doute vu qu'ils équiperont les TV d'un futur proche. Le prix, par contre, risque d'en dissuader plus d'un. Pour l'instant.

En attendant, le site web fait rêver.

23 juin 2009

Lumières "japan style"

Un certain James Turrell, artiste californien, aime mélanger la lumière à l'architecture.
Exemple particulièrement réussi: cette maison japonaise.
Je vous laisse découvrir le film, et lire l'article pas barbant du tout (mais en anglais) sur l'endroit.

Ca me fait penser à un autre lieu qui sacralise la lumière: les bains de Vals, dessinés par Zumthor. Et vous, avez-vous déjà été dans un tel endroit?

Cette maison m'évoque également le livre "Eloge de l'ombre", dont je vous recommande vivement la lecture. Ecrit en 1933 alors que le Japon découvrait l'életricité, Tanizaki Junichiro y décrivait très simplement les émotions esthétiques que procuraient la semi-obscurité sur les meubles laqués, ou les lueurs diffuses et dégradées derrière les fenêtres en papier de riz.

Merci à Alexandre pour l'info.

20 juin 2009

Master Class - Robby Müller & Peter James



Cette Master Class est intitulée "Lighting for Drama", mais c'est surtout une occasion pour deux chefs op de confronter des approches très différentes de l'éclairage de studio.

Peter James ("Driving Miss Daisy") modifie le décor et influence la mise en scène, affirmant que le cinéma est de toute façon une tricherie permanente. Alors que Robby Müller ("Paris, Texas") essaie de faire au mieux avec les contraintes proposées.

Le cheminement de leurs pensées est passionnant à suivre, et les résultats qu'ils obtiennent démontrent clairement qu'il n'y a pas de bonne et de mauvaise manière d'aborder le travail sur le plateau, tant qu'il y a cohérence entre une certaine vision du monde et la façon de la restituer derrière l'objectif.

Le film est dispo en suivant ce lien.

14 juin 2009

Master Class Series - John Seale




Ce premier volet de la série des Master Class est sans doute aussi l'un des plus anciens (1993). Les MC suivantes seront plus abouties, et feront la plupart du temps appel à deux chefs op qui ont des façons très différentes d'éclairer des séquences identiques.

Ici l'Australien John Seale, l'un des chefs op actuels les plus doués (sa filmo est vraiment impressionnante), explique sa philosophie de la lumière et du métier, et entre dans des détails très concrets au travers d'une re-créations du tournage des séquences de chambre de "Dead Poets Society". L'objectif principal étant de recréer des ambiances spécifiques aux saisons ou à certaines heures du jour.

L'accent australien et le son original de la vieille VHS rendent certains propos difficiles à comprendre à la première vision. Réécoutez-les jusqu'à ce que vous les compreniez, parce que John livre des trucs et des conseils que peu de pros comme lui acceptent de partager.
Si l'un d'entre vous peut traduire ses propos et générer un quicktime avec les sous-titres, je me ferai un plaisir de poster la version sous-titrée. Je manque de temps pour faire tout ça seul, votre aide me serait précieuse.

John appartient à la même famille de chefs op que Conrad Hall ou Gordon Willis, à savoir des grands pros qui osent et cherchent des solutions hors des sentiers battus, quitte à prendre des risques.
Il me semblait donc logique de commencer la série par ce segment.
Je posterai les autres au fur et à mesure, pour vous permettre de déguster chaque épisode plutôt que de télécharger les huit et de les survoler. Je vous connais ;-)

Vous pouvez accéder au film en suivant ce lien.

13 juin 2009

Masterclasses Kodak: le bout du tunnel





Je vous avais déjà parlé des indispensables "Kodak Cinematography Master Class Series" organisées par l'Australian Film, Television and Radio School - AFTRS. Je me rends compte qu'elles sont aujourd'hui impossibles à trouver sur le marché - ou vraiment trop chères. J'ai passé beaucoup de temps à chercher des DVD (ou même des VHS), en pure perte.

Je me propose donc de vous les mettre à disposition online. J'ai digitalisé les bandes VHS de tous les cours. Tout en me rendant compte de l'aspect borderline de ma démarche, je privilégie le partage des connaissances.

Ces MC ont été données il y a une quinzaine d'années par des chefs op de renom comme Allen Daviau, Denis Lenoir, Sacha Vierny, Dean Semler. Il est dommage que de tels films ne circulent pas davantage. Je vous garantis que vous allez vous régaler - et apprendre des trucs qui vous serviront le reste de votre vie sur les plateaux.

Avez-vous une solution pratique et rapide à me proposer pour les rendre accessibles à vous tous? Chaque film pèse en moyenne 500Mb. Ce sont des mp4 de 640x480. Il y en a huit.

Celui qui me proposera la meilleure solution "clef en mains" aura le privilège de les voir en exclusivité ;-)

12 juin 2009

Colorimétrie sur iPhone



Initiez-vous à l'étalonnage avec Mill Colour, un petit soft que la fameuse unité de post-prod anglaise The Mill a développé pour l'iPhone.

Les exemples pré-programmés sont parfois un poil grossiers, mais ça donne un bon aperçu des bases. Les réglages manuels sont bien plus pointus, et permettent des réglages très fins des nuances.

Derrière le gadget se cache un bon moyen de communiquer un certain look avec l'unité de colo, que ce soit par mail pendant le tournage ou pour garder des notes d'intentions visuelles pour plus tard. L'écran de l'iPhone est suffisamment bon pour donner un bon aperçu du résultat. Attention: il ne s'agit pas de prendre des photos de plateau avec l'iPhone, mais plutôt d'uploader des extraits de rushes sur l'appareil pour les traiter avec les outils de The Mill.

The Mill propose un concours de colo, avec upload sur son site Flickr. Au vu des premiers efforts des candidats, vous avez toutes vos chances de gagner ;-)

A vous de jouer!

Merci à Christophe Persoz (Ogoon Media) pour l'info.

06 juin 2009

Assassin's Creed 2 - quand la lumière numérique fait son cinéma


La bande-annonce d'Assassin's Creed 2 vient de sortir à l'occasion de l'E3 de Los Angeles.
C'est un très bel exemple de lumière cinématographique adaptée à la 3D. Si certains personnages sentent encore la synthèse, il est bien difficile de discerner quelque chose de factice dans les jeux de lumière.
Rien n'a encore réellement filtré sur le making of de ce trailer (si ce n'est que l'agence est établie à Budapest), mais je suis aux aguets.
Vous pouvez le voir en HD sur ce site.

Complètement RED


Pascal Forney

Rien à voir directement avec la lumière, mais je suis tout fier de vous annoncer l'arrivée de l'objectif RED Pro 18-85, un petit monstre qui s'ajoute au matériel qu'Imaginastudio, le chef op Greg Bindschedler et moi-même avons acquis.
J'en parlais rapidement sur ce post.
Des images test vont suivre, mais les premières impressions sont... impressionnantes.
Nous allons adapter le matériel existant pour que le nouveau venu se sente chez lui (follow, supports, etc.).

29 mai 2009

Couleurs en gélatine



Le monde des couleurs peut sembler effrayant de complexité (les termes "ondes vibratoires", "espaces colorimétriques" ou "corrections secondaires" ne sont pas faits pour rassurer), mais les résultats sur l'écran nous touchent directement et mystérieusement, sans qu'on ait besoin d'y réfléchir.

Dans les arts du spectacle, on équipe les projecteurs de films colorés qu'on appelle gélatines, bien que le terme soit inexact aujourd'hui.
Le site de Lee Filters montre comment on les fabrique:

http://www.leefilters.com/lighting/video/


et nous permet de retrouver une couleur précise en fonction d'une roue colorée en 3D:

http://www.leefiltersusa.com/lighting/products/colors/

ou de trouver des teintes proches en fonction d'un nom ou d'un numéro de catalogue (essayez par exemple avec CTS, une gélatine de correction de couleur ambre):

http://www.leefiltersusa.com/lighting/products/comparator/

Kuler, le site d'Adobe est l'occasion de mixer des couleurs de diverses manières pour évaluer nos conceptions de l'harmonie. Créez votre palette préférée, que ce soit pour trouver une jolie combinaison de teintes pour repeindre votre salon ou pour choisir la palette de votre prochain film. La rubrique Create > from a color vous permet d'explorer les règles existantes, et de créer la votre.

Petit quiz lumière

La vie quotidienne offre souvent l'occasion de faire fonctionner les réflexes de quiconque s'intéresse à la lumière.
L'autre soir je mangeais des pâtes dans un resto, en face de ces 3 photos.
Mes questions:
a. quel est le point commun de ces trois portraits, du point de vue de la lumière?
b. qu'en déduisez-vous?



A vos claviers!

23 mai 2009

Bilan des premiers longs-métrages 35mm tournés en RED


"Map of The Sounds of Tokyo" d'Isabel Coixet


Je profite de la projection en sélection officielle à Cannes de "Map of the Sounds of Tokyo" pour revenir sur un événement qui m'avait marqué.

Depuis un certain temps je cherchais à me rendre compte par moi-même du rendu exact de rushes R3D (les RAW de la RED) une fois projetés en 35mm, ou par projection digitale 2 ou 4K sur un grand écran de cinéma. C'est le genre de test qui ne laisse rien passer.

Il y avait bien eu le "Che" de Soderbergh, ou "Knowing" de Proyas, mais les deux films avaient tellement été triturés en post-prod qu'il était difficile de faire la part des choses. "The Girlfriend Experience", le nouveau Soderbergh aussi tourné en RED One, sera beaucoup plus "brut de décoffrage".
Au dernier Micro Salon, l'une des projections les plus éclairantes sur le sujet tournait autour de l'expérience de deux chefs op de longs-métrages tournés avec la RED One.

Vincent Mathias venait avec quelques minutes de rushes d'"Une affaire d'état", un thriller d'Eric Valette (sortie novembre 2009);

Jean-Claude Larrieu a raconté la genèse et le workflow de son premier tournage en RED sur le film de Isabel Coixet;

Deux générations de chefs op. Vincent, jeune et réceptif aux nouvelles technologies, a adopté la RED sans autre forme de procès, après avoir fait des tests poussés évidemment. Tests concluants, et les images en scope que nous avons vu sur le grand écran de la FEMIS ont balayé chez moi tous les doutes et les rumeurs que j'avais entendu. Les blancs éclatants avaient beaucoup d'allure, et les nuances très fines (en luminance et en chroma) conféraient aux images une vraie noblesse.

Il n'existe à ma connaissance pas encore d'interview ou de témoignage écrit de Vincent sur ce film.

Jean-Claude a une longue carrière sur pellicule, et le film de Coixet a été l'occasion pour lui de découvrir la RED. A reculons au début, pensant que le buzz autour de cette caméra en faisaient le dernier gadget à la mode mais pas forcément une alternative au film.

De nombreux tests et un tournage plus tard (prost-prod numérique et labo film chez Eclair), il parlait des images avec beaucoup d'émotion, y décelant des subtilités qu'il n'attendait pas.

Le passage final sur pellicule est pour lui une étape importante, le grain argentique donnant aux images une patine familière.

Jean-Claude a répondu à quelques questions de l'AFC. Extraits choisis:
(texte complet sur le site de l'AFC)


Dès la première scène du film, on se rend compte de l'importance des lumières de la ville dans la composition des images...

Pour reconstituer ce décor de restaurant, qui est la première scène du film, nous avons trouvé un lieu idéal, un penthouse qui permettait d'offrir en arrière plan une découverte de 180° sur la ville de Tokyo la nuit. Cette scène de grand dîner se déploie dans un étrange moment de calme, juste avant qu'une tragédie, accentuée par un quiproquo général, la transforme en débandade.
J'ai axé toute la lumière à partir d'une solide construction au plafond qui serait invisible dans les plans d'ensemble mais aussi par réflexion sur les grandes baies vitrées et qui ne gênerait jamais au moment des changements d'axes. Ainsi disposée, cette lumière fluorescente pouvait recevoir la tonalité de couleur chaude que j'en espérais et permettait d'en moduler l'intensité générale afin de préserver l'équilibre entre l'extérieur et l'intérieur. Cette première séquence a pu ainsi être tournée sans la gêne d'aucun projecteur, avec un diaphragme de 1.8.


Aviez-vous un moniteur de référence ?

Sur le plateau, mon seul point de référence a été l’ordinateur sur lequel nous déchargions les cartes mémoire. Une fois la prise importée, dès l’apparition de l’image RAW, je pouvais après quelques minuscules réglages sur la courbe, grâce au logiciel Red, visualiser l’image très correctement. C’est ce qui m’a permis de ne jamais douter de la qualité de ce que nous enregistrions. Au moment de la prise de vues, j’utilisais, bien entendu, la fonction histogramme du moniteur LCD pour régler le diaph.


Parmi les reproches faits à la caméra Red, il y a la sensibilité indésirable aux infrarouges et la colorimétrie équilibrée à 3 200 K…

Nous avons tourné avec le filtre qui coupe l’infrarouge. J’avais été mis en garde contre ce risque lors des essais. Map of The Souds of Tokyo est un film très souvent éclairé en lumière tungstène, avec des Kino Flo Image 80, des Wall O Ligth, ainsi que des Fresnel de 5, 10 et 20 kW. Je n’ai rencontré aucune difficulté à étalonner ces images photographiées tantôt en tungstène, tantôt en Dayligth, même si, semble-t-il, le capteur de la Red est plutôt équilibré pour la lumière du jour. La seule précaution à laquelle j’ai veillé en permanence, c’est le contrôle des hautes lumières. J’ai utilisé des densités neutres, jusqu’à N12, pour les découvertes ou les arrière-plans, entre autres, les panneaux lumineux en arrière plan proche, dans les rues.


Bande-annonce du film sur le site officiel: http://www.mapofthesoundsoftokyo.com/#content_trailer

18 mai 2009

Mélange des genres



Cliquez sur les photos pour les agrandir.

Le super-talentueux Dion Beebe vient de signer coup sur coup deux films très différents: la comédie décapante "Land of the Lost" dont je vous conseille vivement la bande-annonce, et une sorte d'extravagance mélodramatique, "Nine". Dans laquelle Daniel Day-Lewis joue Fellini en pleine crise d'inspiration, façon "Huit et demi". C'est un prétexte à reconstituer les images d'une certaine époque du cinéma italien.
Ca contraste fortement avec "Land of the Lost":


Dion Beebe est l'un des chefs op les plus éclectiques qui soit. Si vous ne l'avez pas déjà vu, ruez-vous sur le vénéneux "In the Cut" de Jane Campion, ou sur le glamourissime "Memoirs of a Geisha", qui lui valut l'Oscar en 2005.

14 mai 2009

Tetro de Coppola



Le prochain Coppola est un film Noir et Blanc très intimiste qui rappelle - par son thème et certaines images - son fabuleux Rumble Fish. Mais ce NB comporte beaucoup plus de gris moyens et de grain que Rumble Fish.

La bande-annonce et les trois premières minutes du film se trouvent ici.
Tourné à Buenos Aires. Chef op: le très jeune Mihai Malaimare Jr., qui avait déjà filmé le précédent opus de Coppola, Youth Without Youth.

09 mai 2009

JJ Abrams: vive l'analogique!

Dans une interview à fxguide.tv, le réalisateur du nouveau Star Trek parle de son amour pour l'analogique: sa préférence pour les effets non digitaux, l'importance vitale de donner aux comédiens un vrai décor plutôt que de les faire tourner devant des fonds verts, etc.

Dans l'interview que je vous propose ici, il évoque deux aspects visuels de son film:

1. les séquences de chute libre, après de nombreux essais technologiques infructueux, ont été filmées en plaçant simplement les acteurs debout sur des miroirs qui reflétaient le ciel;

2. les "flares", fabriqués pendant le tournage de façon artisanale, le chef op braquant une lampe de poche vers l'objectif, limite bord cadre.

Interview complète à télécharger en cliquant sur le lien suivant (Abrams parle dans la seconde partie):

08 mai 2009

Etallonnage par Crimson et RED Cine


Pour casser la sévérité de l'ultra haute définition, j'avais équipé la caméra de filtres de diffusion (Soft FX ou Black ProMist en fonction des lumières et des visages). Cliquez sur les images pour les voir en grand format.


Tests de densité des noirs sur un cracheur de feu (juste avant que les flammes n'éclairent son visage)



Je viens d'étalonner le clip de Shoddygoods, produit par Horsform. Les réalisateurs Matyas Kiss et Thanassis Fouradoulas avaient fixé une palette et un look spécifique avant le tournage, ce qui a beaucoup facilité cette ultime étape.
Nous avions tourné en RED, avec des objectifs Zeiss. Des lentilles trop précises pour réaliser les flares relativement intenses que les réalisateurs désiraient. Pour en créer malgré tout, nous avions placé quelques sources dans le champ et enfumé le studio pour aveugler la caméra par des contre-jours violents.
Projecteurs utilisés: HMI et KinoFlos, avec 4 Blondes sur Chimeras moyennes pour les contres et les fill sur variateurs.
L'étalonnage a consisté à trouver une bonne balance entre les couleurs chaudes et froides - nous avions déterminé au tournage que les oranges compléteraient des bleus et des verts spécifiques - et diverses densités de fumée.
Le workflow avec Clipfinder s'étant heurté à un bug, nous sommes passés par Crimson pour gérer le flux des rushes et l'interfaçage avec RED Cine.

05 mai 2009

Tetsuo Nagata fait son numéro (le 5)

Le dernier film Chanel est réalisé par Jean-Pierre Jeunet, avec Audrey Tautou. Beaucoup trop maniéré et très cliché à mon goût, mais on s'en fiche: c'est Tetsuo Nagata qui en signe les images.



Des lumières cuivrées, douces, vibrantes. Les photos n'en donnent qu'un aperçu: il faut voir bouger les images pour en saisir la finesse. Nagata avait éclairé "La Chambre des Officiers", et il affectionne certains tons chauds très spécifiques.







Le Making Of divulgue quelques uns de ses secrets: beaucoup de studio, des diffusions de partout, et des dispositifs ingénieux pour recréer les lumières qui défilent sur les visages, dans le train.
Allez voir par vous-mêmes.

Merci à @MorganP (sur twitter) pour l'info.

NAB, RED et SI2K - du carburant pour les nerds


La caméra "light"de Slumdog Millionnaire.

Excusez mon absence temporaire, me voici de retour.
Je vous conseille de consacrer du temps à l'écoute d'un podcast particulièrement riche de RED Centre. Il est bien sûr question de technique, mais c'est surtout l'occasion d'écouter une passionnante interview avec Anthony Dod Mantle, Chef op de Slumdog Millionnaire (oui, encore ce film, mais je crois que vous allez apprécier).
C'est dans le dernier tiers de ce long podcast, que vous pouvez télécharger depuis ce lien.

24 avril 2009

Jack Cardiff



Le grand chef op anglais Jack Cardiff s'est éteint à 94 ans, le 22 avril.
C'était le premier technicien de cinéma a avoir obtenu un "Lifetime Achievement Award", l'Oscar qui récompense une belle carrière cinématographique.
Bon nombre de grandes actrices l'adoraient, et tenaient mordicus à ce qu'il les éclaire. Marilyn Monroe lui avait déclaré: "Dear Jack, if only I could be the way you have created me."

Son autobio - préfacée par Scorsese, l'un de ses pus fervent admirateurs - "Magic Hour: The Life of a Cameraman" intéressera tous les amateurs d'éclairage des visages féminins. Après tout, il a littéralement découvert Sophia Loren, et immortalisé en icone des actrices comme Ingrid Bergman, Audrey Hepburn, Ava Gardner, Sophia Loren et Marilyn Monroe.

Il a aussi réalisé des films très personnels, comme le magnifique "Sons and Lovers", l'un de mes films anglais préférés. Ce dernier a d'ailleurs valu à son chef op Freddie Francis l'Oscar de la meilleure photo Noir et Blanc en 1961.

Joli jeu de lumières

Le resto Barlotti à Paris, hype en diable, est éclairé avec beaucoup de minutie, ce qui est plutôt rare même pour ce genre de resto. Par contre, pour faire "cosy", la direction baisse toutes les lumières dès 21h, au point qu'on ne voit pratiquement plus rien. Pour déguster son homard thermidor, il faut donc passer en mode "night vision".

22 avril 2009

Storaro en 3 volumes

Je suis tombé à la bibliothèque du cinéma (Forum des Images, Paris) sur 3 gros pavés que Storaro a sorti en 2003. Lumière, Couleurs et Elements.
Je ne les avais jamais consultés. Je ne suis pas fan de sa philosophie ni de sa classification, trop personnelle, du sens des couleurs. Mais force est de constater que ce type a du génie. Les images tirées de ses films n'ont pas pris une ride. Les reproductions sont de grande qualité. Ne manque plus que le mouvement.

19 avril 2009

Notre-Dame de Paris

Encens + Soleil + architecture mystique: je suis sur orbite!

Envoyé de mon mobile

15 avril 2009

Au nom du Père: galerie photos



Vous trouverez ici une petite galerie de photos que j'ai prises pendant le dernier tournage.
Ce sont des photos de contrôle lumière ou d'ambiance plateau.

10 avril 2009

Analyse de la lumière :
hall gare extérieur jour


Les situations de la vie courante sont souvent pour moi une occasion de grapiller des idées d'ambiances lumineuses.

En débarquant hier à la gare de Saint Gall, j'ai immédiatement été frappé par la qualité de la lumière qui tombait sur une femme. On aurait dit qu'elle était spécialement éclairée pour l'occasion, par des HMI, avec une répartition très juste entre le Key et le Fill. Un tel équilibre se trouve en effet rarement dans la nature ou dans les villes, mais plutôt sur les plateaux de cinéma, où l'on éclaire en fonction des capteurs ou du type de pellicule.

Dans la vie courante, nos yeux distinguent sans peine des détails dans des situations de contrastes très violents. Il n'en va pas de même des capteurs, c'est pourquoi l'équipe lumière doit lutter en permanence pour garder la maîtrise des contrastes.

Le ratio de contraste mesure un écart de diaphs (mesurés en lumière incidente) entre deux projecteurs, disons un Key et un Fill. Vous savez qu'entre un diaph et le suivant, la quantité de lumière est multipliée ou divisée par deux. Par exemple si vous fermez un diaph de 5.6 à 8, vous réduisez de moitié la quantité de lumière qui atteint le capteur ou le négatif.

Un ratio de 2:1 signifie donc un écart de luminosité du simple au double. Imaginez un visage dont la moitié droite est éclairée par un Key deux fois plus puissant que le Fill. Étonnamment, la différence ne saute pas aux yeux, mais un capteur y trouve son compte.
Un ratio de 3:1 (3 diaphs de différence entre le Key et le Fill) signifie un écart lumineux du simple au quadruple (2x2), et un écart de 4 diaphs (ratio de 4:1) revient à un écart de luminosité de 1 à 8, ce qui se traduit par des contrastes très élevés.
En théorie, on a l'habitude de dire qu'un ratio de contraste élevé correspond mieux à un drame ou à un thriller, tandis qu'un ratio faible conviendra à une comédie romantique, par exemple.

Dans la "scène de la gare", les piétons étaient baignés dans un ratio de 2:1, sur un fond plus sombre, ce qui créait une belle profondeur. La lumière sur les visages était d'autant plus douce que la verrière diffusait la lumière au point que les ombres au sol avaient pratiquement disparu.

Sur les photos ci-dessus, vous pouvez voir le côté "coulisses", du point de vue des passants, éclairés par les deux sources (le Soleil direct et le Soleil réfléchi contre l'immeuble de droite), toutes deux diffusées par une verrière. Les deux dernières photos montrent ce que j'ai vu en débarquant dans cet endroit. J'aurais bien voulu vous montrer un visage dans cette lumière, mais sur ce point vous devrez vous contenter de me croire: c'était très glamour.

Dedolight, version HMI

Les têtes soft (à gauche) et dures à droite.

Speedy, mon chat. Si je vous le montre, c'est pour vous donner une idée de la taille du sac de transport des deux nouveaux HMIs Dedolight. 2 trépieds, 2 lampes, 2 ballasts électroniques, des câbles et une grande soft box.

J'aime beaucoup les Dedolights traditionnels, qui permettent de travailler la lumière tungstène avec une très grande précision.
Mais pour les situations où la lumière prédominante est celle du jour, je me tournais jusque-là vers les Kinoflos ou de petits HMIs comme le Joker Bug de K5600.
Pour préparer un long métrage que je tournerai cet été au Maroc, je me suis demandé s'il existait une solution "daylight" de type Dedolight (réponse: oui), et j'ai demandé à un loueur de la place (Visuals Switzerland) de m'en procurer deux pour des tests.

Des tests si concluants que je pars à Moscou avec ces Dedos, tourner des films courts pour une marque de glace. Il est vrai que ces HMI ressemblent furieusement à ce que K5600 a développé depuis quelques années, mais la possibilité de changer de température de couleur en quelques secondes (soit avec un filtre soit en changeant l'ampoule) me paraît déterminante.
Autre avantage: la grande taille de la soft box, qui émet une lumière encore plus flatteuse pour les visages.
De plus, les développeurs chez Dedo ont l'obsession de la portabilité. Ils arrivent à réduire l'encombrement et le poids à un strict minimum, ce qui est crucial pour les tournages à l'étranger.

03 avril 2009

Clair-obscur



L'épisode de cette semaine de 24 est réalisé par l'un des "parrains" de la série, Jon Cassar. Son contrat n'a pas été renouvelé et il ne réalisera pas la saison suivante. Serait-ce pour cette raison que le chef op Rodney Charters se permet des partis-pris aussi osés que jubilatoires (sautes d'axes, clairs-obscurs)? Quand la télé oublie de faire de la télé, on se lèche les babines.

31 mars 2009

RED One / Green Screen



Plus de la moitié des plans du film "Au Nom du Père" de Gesenn Rosset seront composités sur des matte paintings ou des photos retravaillées.
Le film était tourné en RED One et des raisons budgétaires et artistiques m'ont poussé à choisir des projecteurs Tungstène. Je souhaitais de toute façon utiliser une console DMX pour automatiser certains flickers aléatoires, et les Tungstènes sur variateurs donnent des teintes proches de celles des flammes.
Or donc, la RED préférant tourner aux alentours des 5500°K, j'ai opté pour un filtre 80D (bleuté), qui avait le mérite de nous approcher de la bonne température de couleur tout en ne "bouffant" qu'un tiers de diaph.
Restait à éclairer le fond vert. Sur un film comme celui-ci, un fond vert bien uniforme et au bon niveau ce sont des jours, voire des semaines de post-production économisés.

La déco a donc tendu à l'agrapheuse une feutrine verte pour aboutir à un cyclo bien lisse, mat, et de la bonne couleur (j'avais donné un échantillon exact pour prévenir toute catastrophe).

La meilleure façon d'éclairer un fond vert est de le saturer de vert diffus. Une solution relativement coûteuse revient à recourir à des Kinoflos munis de tubes verts.
Une solution low-budget est d'utiliser des cycliodes, ou des softboxes (aussi appelées "bains de pieds"), qui émettent une douce lumière bien étale.



Pour les saturer de vert, nous les avons équipées de Primary Green:




L'éloignement idéal des sources du fond est égal à la moitié de la hauteur dudit fond.

Une fois disposés à intervalles réguliers, en haut comme en bas du fond vert, les mesures peuvent commencer.

J'aime utiliser ma cellule en parcourant l'écran à la recherche d'écarts à la moyenne.
Mais la vision la plus précise est donnée par les courbes de mesures d'appareils comme l'Astro:



L'objectif à atteindre (pour optimiser l'extraction) est d'aboutir à ce que l'écran vert soit illuminé aux environs de 60% (0 étant le noir et 100 le blanc, pour simplifier).
Ce qui revient à tenter d'afficher une ligne horizontale la plus mince possible (5 ou 10% d'écart de luminance).
J'avais demandé de diffuser les cycliodes, mais cette épaisseur supplémentaire nous faisait perdre un bon diaph. Le compromis a consisté à tolérer de très légers "trous" de lumière entre les cycliodes du haut, visibles sur les photos.

Sur l'Astro de la photo ci-dessus, on visualise rapidement que la partie gauche de l'écran n'est pas aussi régulière que la partie droite, et que cette dernière mérite encore beaucoup d'attention. Il est vrai que la caméra cadre le canapé sombre, ce qui fait baisser la moyenne.
Disons simplement que ces courbes sont des outils plus discriminants que l'oeil humain pour comparer des valeurs de luminosité.

Une fois l'écran équilibré, il faut veiller à ménager une zone de no man's land entre l'écran et l'aire de jeu des comédiens.

Les réflections vertes sur les visages doivent être traquées et combattues dans la mesure du possible. Sur la photo ci-dessous, vous voyez deux projecteurs (un "kick" et un "contre") qui imitent un soleil en 3/4 contre, et annulent des réflections vertes sur la partie droite du visage.
La partie gauche est protégée des reflets par un drapeau vertical, que vous apercevez au fond, derrière l'Astro. La position de ce drapeau se détermine en considérant que le visage est comme un miroir, et que la portion d'écran vert à oblitérer se trouve derrière le comédien, à un angle exactement similaire à celui entre l'objectif et le comédien (en l'occurrence une vingtaine de degrés).



Les petits damiers sont des "trackers", des marqueurs qui faciliteront le tracking en post-prod.



Pour un travelling au ras du sol, le décor a été truffé de marqueurs, sur toute la largeur et la profondeur de l'image. Remarquez que certaines cycliodes ont été cachées par des tissus verts. Pas le temps de peaufiner, mais c'est mieux que de laisser "les gars de la post" rotoscoper les comédiens.

Une fois cet écran précisément calibré, nous n'y avons plus touché.
Mon seul regret: la faible puissance des cycliodes. Pour atteindre 60% de luminosité, notre écran devait être exposé à un diaph de 1.9. En l'occurrence, cette contrainte a servi l'esthétique du film, puisque les profondeurs de champ réduites faisaient partie de la grammaire visuelle dès les premières discussions avec le réalisateur.


© Benoît Monney

Votre serviteur, surpris par le photographe de plateau dans un océan de photons verts.