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J'ai vu hier Eagle Eye (L'Oeil du Mal). Bon film, mais les conditions de projection m'ont gâché la fête. Je ne suis pourtant pas un puriste acharné, je tolère les imperfection prévisibles dans une séance de cinéma normale. Mais de plus en plus souvent, les projections sont calamiteuses.
J'ai donc vu Eagle Eye, un film qui a coûté plus de 100 millions de dollars (et dont la photo est signée par le chef op des Pirates de Caraïbes) dans les conditions suivantes:
- la moitié droite de l'écran était floue (lentille en plastique, moins chère que le verre)
- les noirs étaient gris (fenêtre de projection mal nettoyée: les images étaient diffusées avant d'atteindre l'écran)
- le son était faiblard
- la copie était visiblement tirée à toute vitesse: couleurs mal définies, dominantes aléatoires
Ca fait quelques années que je constate une augmentation constante de ce genre de projections moisies. Etonnant dans un pays comme la Suisse, où les places de cinéma sont excessivement chères (plus de 10 euros). Mais d'après mon expérience, c'est le cas partout en Europe.
Le groupe Pathé possède la plupart des salles de Genève. Serait-ce par souci d'économies que Pathé bâcle ses projections? Pourquoi ce mépris du public et du travail de l'équipe technique du film? Sans doute parce qu'on table sur le fait que le public n'y verra rien, et que les producteurs n'en sauront rien.
C'est faux: le jeune public n'est pas dupe. Les bandes-annonces qu'il télécharge sur son ordi sont de bien meilleure qualité que la projection payante au multiplexe local!
Pas étonnant que les jeunes désertent les salles et téléchargent des films en HD.
Pour ma part, je vais de moins en moins dans les salles, et je me rattrappe au vidéo club du coin.
J'attends le jour où Pathé se plaindra de la désaffection du public. L'industrie du disque se mord les doigts d'avoir sous-estimé le pouvoir de riposte de ses clients mécontents.