26 août 2008

RAW ou pas?

"Knowing" d'Alex Projas avec Nicolas Cage. Entièrement tourné en RAW avec la RED One.


Une question intéressante posée dans les commentaires il y a quelques jours: 
"Pourrais-tu donner 3 avantages et 3 inconvéniens de tourner en RAW. Qu'est ce que ca change concrètement sur le tournage d'utiliser ce format ?"

Bon allez je me lance:

"Avantages" et "inconvénients" se mesurent par rapport à quelque chose. Les réflexions qui suivent se basent sur d'autres médias digitaux (HDV, HD-CAM, XDCAM-HD, etc.).

Avantages

Exposition 
Le format RAW permet d'enregistrer beaucoup plus d'informations, à condition d'exposer correctement, c'est-à-dire "vers la droite": il faut flirter avec la surexposition, sans pour autant "cramer" les hautes lumières; En situations de forts contrastes - cieux éclatants, fenêtres trop lumineuses - on peut donc travailler plus vite (moins besoin de niveler les lumières autour d'une moyenne prudente).

Post-production
Les réglages fins de colorimétrie deviennent un jeu d'enfant. On peut aller beaucoup plus loin dans les corrections avant qu'elles ne deviennent visibles.
Notons également que diverses méthodes de debayering peuvent être utilisées, pas seulement les codecs natifs du constructeur de la caméra.

Stylisation
Il est plus aisé de travailler un certain style d'images lorsqu'on a les coudées franches. Les RAW donnent des ailes aux créatifs, qui peuvent par exemple explorer des looks qui ressemblent aux images en HDRI.

Inconvénients

Définition
En théorie, le capteur unique est moins défini que les 3CCD. Les 3 capteurs de la Viper lui donnent une définition théorique de 27 mégapixels par image. A côté, les 11.4 mégapixels de la RED semblent moins performants. Disons simplement que le système d'acquisition des infos est fondamentalement différent. Le format RAW provient des appareils photo numériques, tandis que le 3CCD a été développé pour l'image animée. 
La différence de définition entre la RED et ses concurrentes provoque des débats enflammés sur le web. Panavision a cru bon enregistrer des séminaires ultra-techniques pour prouver sa suprématie. Certains chefs op y ont vu un écran de fumée.

Exposition
Sur le tournage, les RAW s'exposent en contrôlant les parades RGB et autres histogrammes. Il faut disposer d'un moniteur affichant ces infos.

Post-prod
C'est un nouveau format qu'il faut apprivoiser. Les habitués de la vidéo sont encore décontenancés par les réglages à effectuer en post. Ceux qui viennent du film y trouvent des analogies rassurantes. On parle souvent du RAW comme d'un négatif digital.
Autre point important: les fichiers sont lourds, ce qui rajoute du temps de calcul en fin de post-prod.


Pour résumer, disons que l'inconvénient majeur du RAW est d'être un nouveau format: il exige une période d'apprentissage. A l'heure où plus personne n'accepte de lire un mode d'emploi, c'est un défaut majeur. Mais ceux qui font l'effort de tester le RAW en sortent ravis - ce format est si malléable qu'il convient à ceux qui veulent créer de nouvelles images sans prendre de risques excessifs au tournage.

Mais je n'ai pas la science infuse: voyez-vous autre chose à ajouter sur la question?

14 août 2008

La lumière des "machos"

Death Race n'entrera sans doute pas dans l'histoire du cinéma. Mais la bande-annonce défoule bien, et la qualité de la photo de Scott Kevan est très représentative d'un certain style à base de lumières dures.
Les visages essentiellement mâles se prêtent bien à ce découpage "à la serpe" par des lumières ponctuelles, qui soulignent les contours (nez, mâchoires, crânes) d'une façon qui serait bien trop cruelle pour des visages féminins. 
Les contrastes forts et la désaturation font aussi partie du vocabulaire visuel des "films de mecs".
Notez aussi le soin apporté à la séparation entre les avants et arrières-plans, par le positionnement judicieux des sources, et ce même dans des plans très courts d'action (cf. la bande-annonce). Les lisérés, contre-jours, reflets et ombres créent des pans de profondeur qui séparent clairement les personnages du décor.
Ces lumières dures (c'est-à-dire peu ou pas diffusées) reviennent à la mode après deux décennies de douceur. Signe des temps? 
Dans ce film, les seuls éléments qui auraient souffert de ce genre de traitement, ce sont les carrosseries métalliques des voitures. Si elles avaient été brillantes, les lumières ponctuelles auraient créé des taches aveuglantes. Ce qui explique pourquoi toutes les bagnoles sont matifiées (peintures, résines ou griffures profondes).







11 août 2008

Boutons, capots, pare-brises et cruise-control


Ce tournage de six jours (130 plans) m'a bizarrement épuisé. Je mets ça sur le compte de l'overdose de travail de ces derniers mois, et de la concentration nécessaire pour faire simple (et rapide) tout en soignant les détails.

07 août 2008

Grosses cylindrées

Je tourne actuellement des films pour une marque haut-de-gamme de voitures. De mon point de vue il y a beaucoup de ressemblances entre une belle machine à café et une belle automobile: toutes deux sont difficiles à éclairer. Ces objets à la fois brillants, mats, opaques et translucides offrent de beaux défis quand il s'agit de leur rendre justice avec de la lumière.
J'utilise un objectif spécial, une sorte de périscope macro qui produit des images intéressantes dans des espaces confinés comme l'habitacle d'une voiture.



L'Optex Excellence dans son sarcophage


L'un des plans directement sorti de l'XD-CAM HD, non étalonné.

photos © Kim Andenmatten - pixit SA