Journal de bord d'un Directeur de la Photographie
Notes sur la lumière - pour le cinéma et les nouvelles images numériques.
24 avril 2009
Jack Cardiff
Le grand chef op anglais Jack Cardiff s'est éteint à 94 ans, le 22 avril.
C'était le premier technicien de cinéma a avoir obtenu un "Lifetime Achievement Award", l'Oscar qui récompense une belle carrière cinématographique.
Bon nombre de grandes actrices l'adoraient, et tenaient mordicus à ce qu'il les éclaire. Marilyn Monroe lui avait déclaré: "Dear Jack, if only I could be the way you have created me."
Son autobio - préfacée par Scorsese, l'un de ses pus fervent admirateurs - "Magic Hour: The Life of a Cameraman" intéressera tous les amateurs d'éclairage des visages féminins. Après tout, il a littéralement découvert Sophia Loren, et immortalisé en icone des actrices comme Ingrid Bergman, Audrey Hepburn, Ava Gardner, Sophia Loren et Marilyn Monroe.
Il a aussi réalisé des films très personnels, comme le magnifique "Sons and Lovers", l'un de mes films anglais préférés. Ce dernier a d'ailleurs valu à son chef op Freddie Francis l'Oscar de la meilleure photo Noir et Blanc en 1961.
Joli jeu de lumières
Le resto Barlotti à Paris, hype en diable, est éclairé avec beaucoup de minutie, ce qui est plutôt rare même pour ce genre de resto. Par contre, pour faire "cosy", la direction baisse toutes les lumières dès 21h, au point qu'on ne voit pratiquement plus rien. Pour déguster son homard thermidor, il faut donc passer en mode "night vision".
22 avril 2009
Storaro en 3 volumes
Je suis tombé à la bibliothèque du cinéma (Forum des Images, Paris) sur 3 gros pavés que Storaro a sorti en 2003. Lumière, Couleurs et Elements.
Je ne les avais jamais consultés. Je ne suis pas fan de sa philosophie ni de sa classification, trop personnelle, du sens des couleurs. Mais force est de constater que ce type a du génie. Les images tirées de ses films n'ont pas pris une ride. Les reproductions sont de grande qualité. Ne manque plus que le mouvement.
Je ne les avais jamais consultés. Je ne suis pas fan de sa philosophie ni de sa classification, trop personnelle, du sens des couleurs. Mais force est de constater que ce type a du génie. Les images tirées de ses films n'ont pas pris une ride. Les reproductions sont de grande qualité. Ne manque plus que le mouvement.
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19 avril 2009
15 avril 2009
Au nom du Père: galerie photos
Vous trouverez ici une petite galerie de photos que j'ai prises pendant le dernier tournage.
Ce sont des photos de contrôle lumière ou d'ambiance plateau.
10 avril 2009
Analyse de la lumière :
hall gare extérieur jour
Les situations de la vie courante sont souvent pour moi une occasion de grapiller des idées d'ambiances lumineuses.
En débarquant hier à la gare de Saint Gall, j'ai immédiatement été frappé par la qualité de la lumière qui tombait sur une femme. On aurait dit qu'elle était spécialement éclairée pour l'occasion, par des HMI, avec une répartition très juste entre le Key et le Fill. Un tel équilibre se trouve en effet rarement dans la nature ou dans les villes, mais plutôt sur les plateaux de cinéma, où l'on éclaire en fonction des capteurs ou du type de pellicule.
Dans la vie courante, nos yeux distinguent sans peine des détails dans des situations de contrastes très violents. Il n'en va pas de même des capteurs, c'est pourquoi l'équipe lumière doit lutter en permanence pour garder la maîtrise des contrastes.
En débarquant hier à la gare de Saint Gall, j'ai immédiatement été frappé par la qualité de la lumière qui tombait sur une femme. On aurait dit qu'elle était spécialement éclairée pour l'occasion, par des HMI, avec une répartition très juste entre le Key et le Fill. Un tel équilibre se trouve en effet rarement dans la nature ou dans les villes, mais plutôt sur les plateaux de cinéma, où l'on éclaire en fonction des capteurs ou du type de pellicule.
Dans la vie courante, nos yeux distinguent sans peine des détails dans des situations de contrastes très violents. Il n'en va pas de même des capteurs, c'est pourquoi l'équipe lumière doit lutter en permanence pour garder la maîtrise des contrastes.
Le ratio de contraste mesure un écart de diaphs (mesurés en lumière incidente) entre deux projecteurs, disons un Key et un Fill. Vous savez qu'entre un diaph et le suivant, la quantité de lumière est multipliée ou divisée par deux. Par exemple si vous fermez un diaph de 5.6 à 8, vous réduisez de moitié la quantité de lumière qui atteint le capteur ou le négatif.
Un ratio de 2:1 signifie donc un écart de luminosité du simple au double. Imaginez un visage dont la moitié droite est éclairée par un Key deux fois plus puissant que le Fill. Étonnamment, la différence ne saute pas aux yeux, mais un capteur y trouve son compte.
Un ratio de 3:1 (3 diaphs de différence entre le Key et le Fill) signifie un écart lumineux du simple au quadruple (2x2), et un écart de 4 diaphs (ratio de 4:1) revient à un écart de luminosité de 1 à 8, ce qui se traduit par des contrastes très élevés.
En théorie, on a l'habitude de dire qu'un ratio de contraste élevé correspond mieux à un drame ou à un thriller, tandis qu'un ratio faible conviendra à une comédie romantique, par exemple.
Dans la "scène de la gare", les piétons étaient baignés dans un ratio de 2:1, sur un fond plus sombre, ce qui créait une belle profondeur. La lumière sur les visages était d'autant plus douce que la verrière diffusait la lumière au point que les ombres au sol avaient pratiquement disparu.
Sur les photos ci-dessus, vous pouvez voir le côté "coulisses", du point de vue des passants, éclairés par les deux sources (le Soleil direct et le Soleil réfléchi contre l'immeuble de droite), toutes deux diffusées par une verrière. Les deux dernières photos montrent ce que j'ai vu en débarquant dans cet endroit. J'aurais bien voulu vous montrer un visage dans cette lumière, mais sur ce point vous devrez vous contenter de me croire: c'était très glamour.
En théorie, on a l'habitude de dire qu'un ratio de contraste élevé correspond mieux à un drame ou à un thriller, tandis qu'un ratio faible conviendra à une comédie romantique, par exemple.
Dans la "scène de la gare", les piétons étaient baignés dans un ratio de 2:1, sur un fond plus sombre, ce qui créait une belle profondeur. La lumière sur les visages était d'autant plus douce que la verrière diffusait la lumière au point que les ombres au sol avaient pratiquement disparu.
Sur les photos ci-dessus, vous pouvez voir le côté "coulisses", du point de vue des passants, éclairés par les deux sources (le Soleil direct et le Soleil réfléchi contre l'immeuble de droite), toutes deux diffusées par une verrière. Les deux dernières photos montrent ce que j'ai vu en débarquant dans cet endroit. J'aurais bien voulu vous montrer un visage dans cette lumière, mais sur ce point vous devrez vous contenter de me croire: c'était très glamour.
Dedolight, version HMI
Les têtes soft (à gauche) et dures à droite.
Speedy, mon chat. Si je vous le montre, c'est pour vous donner une idée de la taille du sac de transport des deux nouveaux HMIs Dedolight. 2 trépieds, 2 lampes, 2 ballasts électroniques, des câbles et une grande soft box.
J'aime beaucoup les Dedolights traditionnels, qui permettent de travailler la lumière tungstène avec une très grande précision.
Mais pour les situations où la lumière prédominante est celle du jour, je me tournais jusque-là vers les Kinoflos ou de petits HMIs comme le Joker Bug de K5600.
Pour préparer un long métrage que je tournerai cet été au Maroc, je me suis demandé s'il existait une solution "daylight" de type Dedolight (réponse: oui), et j'ai demandé à un loueur de la place (Visuals Switzerland) de m'en procurer deux pour des tests.
Des tests si concluants que je pars à Moscou avec ces Dedos, tourner des films courts pour une marque de glace. Il est vrai que ces HMI ressemblent furieusement à ce que K5600 a développé depuis quelques années, mais la possibilité de changer de température de couleur en quelques secondes (soit avec un filtre soit en changeant l'ampoule) me paraît déterminante.
Autre avantage: la grande taille de la soft box, qui émet une lumière encore plus flatteuse pour les visages.
De plus, les développeurs chez Dedo ont l'obsession de la portabilité. Ils arrivent à réduire l'encombrement et le poids à un strict minimum, ce qui est crucial pour les tournages à l'étranger.
03 avril 2009
Clair-obscur
L'épisode de cette semaine de 24 est réalisé par l'un des "parrains" de la série, Jon Cassar. Son contrat n'a pas été renouvelé et il ne réalisera pas la saison suivante. Serait-ce pour cette raison que le chef op Rodney Charters se permet des partis-pris aussi osés que jubilatoires (sautes d'axes, clairs-obscurs)? Quand la télé oublie de faire de la télé, on se lèche les babines.
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