Appelez ça un souci de perfection si vous voulez, mais les techniciens de cinéma laissent le moins possible de traces de leur travail dans les images d'un film. Les ombres micro, bouts de perche, rails de travellings, reflets dans les voitures ou les vitrines, tout doit disparaître pour laisser place à l'illusion du cinéma.
J'avais déjà mentionné les grandes ombres des "butterflies", ces cadres de 6mx6m ou plus qu'on utilise en extérieurs, sous le soleil, pour adoucir la lumière sur les acteurs. Le problème de ces mastodontes, c'est l'ombre qu'ils projettent par terre. J'ai cherché pendant un moment à vous fournir une preuve que les techniciens de la série Desperate Housewives ne cherchent plus à masquer leurs forfaits, et c'est maintenant chose faite: dans l'épisode diffusé la semaine dernière, un champ/contre-champ révèle de magnifiques ombres de butterflies.
Comme vous le voyez, ils sont à peine déguisés en ombres de maisons (du faux lierre sert à adoucir les arêtes des ombres sur le sol), mais si vous regardez bien les ombres s'arrêtent sur les trottoirs.
Morale de l'histoire: mêmes les meilleurs chef ops sont parfois contraints à des compromis qui flirtent avec la limite du professionnalisme. Le pari étant que le spectateur moyen ne regardera pas le sol, mais plutôt les comédiennes. C'est sans doute un bon raisonnement, qui permet de gagner beaucoup de temps sur le tournage et en post-prod.