10 octobre 2010

HDRx



Vous l'avez peut-être déjà vu, mais ce bout d'essai annonce l'apparition d'une nouvelle génération d'images, qui aura bien plus d'impact à long terme que le cinéma en relief.
Tourné ces derniers jours avec une future configuration standard des caméras numériques, ce plan est réalisé sans éclairage additionnel ni ND ni post-prod. Traduit en langage de producteur, ça signifie petite équipe, très peu de matériel et tournage en un temps record. Et comme l'économie guide beaucoup de choses en ce bas monde, on peut parier que le HDR va contribuer à changer non seulement les images mais aussi la constitution des équipes de tournage. Le travail du chef op se déplacera encore un peu plus en post-production.
Jusqu'à aujourd'hui, un plan comme celui-ci nécessitait en effet de déplacer pas mal de lumière et de grands diffuseurs/réflecteurs - ainsi que l'équipe pour les alimenter et les manipuler. Il en faut des Watts pour équilibrer un plan si contrasté à la base: 18 diaphs de différence entre les noirs et les blancs. Bien plus que les capteurs actuels, ou même la pellicule, ne peuvent restituer.
Ce que RED et d'autres fabricants de caméra - comme Spheron - nous préparent actuellement est tout simplement révolutionnaire.

Autre exemple, en tournage de nuit:



Activez le 720p (en bas à droite des écrans YouTube) pour voir les détails.

Le premier film en haute qualité: http://red.cachefly.net/walk.m4v

Je vous conseille la lecture des commentaires ci-dessous, qui approfondissent des questions essentielles.

22 commentaires:

  1. Anonyme10.10.10

    Je me demande a combien d'ISO la sécance de nuit a était tourner ?

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  2. Ça devait être les 800 ISO nominaux du capteur, mais avec une amplitude d'exposition jamais vue auparavant dans des images en mouvement.

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  3. Samuel Guillemot10.10.10

    je n'avais pas vu, merci pour ce post. de quel type de capteur s'agit-il et sais-tu quelle caméra il équipe? c'est assez étonnant effectivement, cela dit l'image semble extrêmement compressée et manque un peu de contraste en natif. j'imagine qu'avec un picture profile adapté on doit pouvoir obtenir un assez bon résultat.
    reste qu'en fiction le boulot du chef op est qd meme de créer des ambiances en sculptant la lumière. alors si on se retrouve avec une valise de dedolights et deux fresnels à la place d'un camion lumière sous pretexte qu'on peut filmer dans le noir, le métier va effectivement changer, les images aussi, à nous d'en tirer le meilleur parti...

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  4. Samuel, le capteur est du même type que le Mysterium X qui équipe les REDs et les EPICs, sauf que la caméra enregistre deux flux d'images, à deux "ouvertures" différentes.
    Pour la compression, on ne peut pas juger sur un YouTube.
    Le manque de contraste est justement ce qu'on cherche dans un fichier brut. C'est comme un négatif film: il renferme bcp plus d'informations tonales que le positif d'exploitation.
    D'accord avec toi que la mise en lumière sur le plateau reste importante. Mais elle va être plus difficile à défendre qu'auparavant.

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  5. Samuel Guillemot11.10.10

    merci pour ces précisions;-)

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  6. Le numérique va finir par enfin écraser le 35,
    et sans critique valable, cette fois.
    l'évolution dans le domaine de la prise du vue peu enfin commencer...
    Même si j'ai adoré le travail pétillant de l'image sur le Startrek de jj.Abrams, je suis un pro-numérique, donc je vois les évolutions toujours avec plaisir.
    Par contre les image hdr que j'ai déjà vu étaient beaucoup plus laides que celle-ci, presque surnaturelles, je constate qu'on peu aussi avoir un résultat naturel..encourageant!
    vive le futur.
    merci pour l'info, moi je n'avais pas vu ces images avant.

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  7. Anonyme11.10.10

    Bonjour,
    je suis ton blog depuis maintenant un bon bout de temps et j'apprécie énormément le fait que tu nous fasses partager tes expériences et aussi que tu nous fasses découvrir les évolutions du cinéma numérique. Cela m'aide beaucoup dans ma réflexion sur le métier. Cependant, je ne suis pas entièrement d'accord sur l'évolution du travail du chef op qui se déplace de plus en plus vers la post-prod. Je suis d'accord dans un sens certes, mais ne faudrait-il pas oublier qu'un chef op est aussi là pour donner un sens à une image? Je pense que le travail sur la sémantique de l'image est un rôle qui reste invariable et qui doit se faire entre le chef op et son réal. C'est pourquoi je pense que ce poste reste complètement indispensable.
    D'un point de vue technique, il évolue évidemment avec les arrivées des nouvelles technologies numériques, mais si les prods commencent à penser que ce poste n'est plus indispensable, il faudrait leur faire rappeler l'intérêt premier de notre travail sur l'accomplissement d'un projet.
    Je sais que mon discours paraît assez réac voir utopique, mais les derniers projets auxquels j'ai participé me permettent d'appuyer mon discours dans le sens où, effectivement, les prods, voir même les réals, n'ont plus forcément conscience du fonctionnement d'une équipe de tournage. En effet, j'étais seul en charge de l'image et de la lumière, pour un spot de pub sur fond vert: éclairage minimaliste (dans le sens pauvre du terme), un plan large fixe pour toutes les séquence, on verra tout le reste en post prod.

    Suite aux essais que tu nous viens de nous proposer, je me fais encore plus de soucis pour les électros...

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  8. "Anonyme", ton discours n'est pas du tout réac. Je suis d'accord que le travail sur le plateau est absolument essentiel. Le placement des lumières donne les principales directions esthétiques de ce que seront les images finales.
    Je note simplement une évolution. Au temps du 100% pellicule, le travail du chef op sur le plateau était déterminant pour ce qui est du look final des images, le labo chimique ne permettait que des ajustements mineurs. Je dirais que le travail du chef op était réparti sur 90% de plateau et 10% en post-prod.

    Avec les télécinés et Digital Intermediates, la post-prod numérique a ouvert des horizons démesurés aux chefs op qui souhaitaient les explorer. La répartition tournait à mon avis autour de 70% plateau 30% post prod. Pense simplement aux corrections "secondaires" qui n'affectent qu'une partie de l'image, au contrôle des contrastes ou des espaces colorimétriques.

    Les nouveaux capteurs à large amplitude font encore davantage pencher la balance côté post-prod, qui monte à 40% s'il fallait donner une estimation. Il reste quand même plus de la moitié du travail à effectuer sur le plateau, avec les comédiens, les vrais décors et le réalisateur.

    Reste qu'il va falloir affûter nos arguments envers les producteurs. Si on leur sort des concepts comme la sémantique de l'image, ils vont sortir leurs revolvers. A chacun sa logique. La leur triomphera (par méconnaissance plutôt que par avarice) si on ne leur explique pas clairement, avec leur vocabulaire, la plus-value d'une équipe image sur un plateau. Cette plus-value est évidente - j'ai envie de dire qu'elle saute aux yeux. Encore faut-il la démontrer à chaque fois que c'est possible.

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  9. Le problème, c'est que le HDR produit des images plates et sans saveur. À force de déboucher les ombres et de pondérer les hautes lumières, on arrive à un encéphalogramme plat, qui sied à des caméras de vidéosurveillance ou à des caméscopes familiaux, mais pas vraiment au cinéma de qualité.
    Se pose ensuite le problème du bruit électronique dans les ombres éclaircies, qui doivent être lissées fortement pour éviter le moutonnement.
    S'il est clair que ce type de technique est appelée à progresser, je ne suis pas sûr que le cinéma y gagne beaucoup. Personnellement, je préfère avoir une somme de connaissances au service d'une scène, éclairage à l'appui, qu'une quelconque paire de capteurs chargés de gommer tous les contrastes.

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  10. Denis, les images HDR ne peuvent pas se juger comme des images exploitables telles quelles. C'est comme si tu critiquais un négatif film parce qu'il a une teinte "saumon". Ce genre d'argument fausse le débat.
    Et le grain dans les noirs peut justement être évité avec ces négatifs numériques à gamma très plat.
    Sans rancune, hein ;-)

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  11. Thomas11.10.10

    Pascal, en effet, je suis entièrement d'accord que la répartition du travail tournage post prod penche de plus en plus vers la post prod. Mais tu as en effet tout à fait cerner là ou je voulais en venir, et en fait, tu as raison, j'ai l'impression qu'il faut savoir aussi un peu être VRP pour vendre ses idées aux prods ;-) . Pour le coup j'y connais pas grand chose à ce métier!

    Thomas a.k.a "Anonyme"

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  12. la vache, c'est assez bluffant. J'aimerai vraiment connaitre le fonctionnement de cette technologie. vraiment bluffant, encore merci pour tout chef Op'

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  13. Anonyme12.10.10

    Bonjour
    comme réalisateur je pense que ça va régler bcp de problèmes, surtout quand on tourne dans des pays ou le budget d'un long est inférieur au budget d'un court en Europe.
    pour moi je suis très content, car ça va nous faciliter bcp de contraintes(manque de techniciens qualifiés par ex), et si le budget suit prkoi ne mettre les moyens ds la poste prod.

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  14. Je pense que ces nouvelles avancées sont déterminantes pour le cinéma de demain. A chaque nouveauté on retrouve les même débats entre une crainte de dénaturer le cinéma et un enthousiasme pour les nouvelles technologies. Existe-il toutefois un "vrai" cinéma ? Auquel cas, pourquoi ce vrai cinéma ne serait pas celui de demain en 3D, HDR et 4K ? [...]

    Le problème quand on supprime les contraintes et que tout fonctionne de plus en plus vite, c'est qu'on ne se pose plus forcément de [bonnes] questions.
    Lorsque l'on tirait une photo en noir et blanc, on réfléchissait à deux fois avant de se lancer dans un dégradé du ciel. Du coup si on ne le faisait que si c'était nécessaire !

    Une phrase d'un ouvrage merveilleux sur la pratique du documentaire me revient constamment en tête et je trouve qu'elle résume bien une position que je trouve de circonstance:

    "Les manières de faire sont des formes de pensée."

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  15. Rafael, ça fait un moment que ton post me trotte dans la tête. Tu mets le doigt sur le point important. Merci.

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  16. Merci à toi, pour ton la qualité de ton travail et le partage que tu en fais. =)

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  17. Fan de TRI-X9.2.11

    Personnellement je trouve ces images laides et plates (le gros défaut du numérique) et je ne les échangerais pas contre un plan de nuit du "Casino" de Scorcese/Richardson...

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  18. @Fan de TRI-X: c'est marrant qu'on juge ces médias tels quels, alors qu'il faut les voir comme l'équivalant d'un négatif film. C'est-à-dire plat, et non projetable tel quel. Pour bien accentuer ça, les négatifs film étaient en plus teintés en saumon, comme ça personne ne pouvait prétendre les "lire" comme des images terminées.

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  19. Anonyme20.6.11

    "D'entrée R. Berta regrette 1952 et les possibilités qu'offrait l'époque Senso... avec ses six mois de tournage, son Technicolor, ses 70 arcs pour les scènes du Thétare de la Fenice et son énorme caméra: L'idée de Berta, c'est que c'était plus difficile donc plus interessant. On pouvait finalement faire plus de choses." René Prédal, La Photo de cinéma

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  20. Anonyme25.4.12

    Hello, je cherche à acquérir un camescope pour la réalisation de court métrage de fiction; je cherche à m'approcher dans la mesure du possible d'une esthétique cinéma pour l'image, auriez vous un conseil ?
    Entre eos 5d mark 3, blackmagic cinema camera, sony hvr V1E mon coeur balance dans des budjets de 3000 à 5000 euro environ !
    Le mode 25 image par seconde du sony après l'avoir testé n'est pas fluide lors de travelling, on a des sacades.
    D'autres part pourriez vous m'expliquer la différence fondamentale entre une image cinéma numérique et une image vidéo numérique d'un point de vue technique?
    Car d'un point de vue esthétique, je trouve effectivement qu'une image cinéma numérique à une dimension servant la fiction et que la video numérique nous ramène à une image plus ... je ne sais pas comment définir ?
    Merci

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  21. "Anonyme", peux-tu stpl m'envoyer un e-mail à montjo @ gmail.com avec tes questions? Elles ne sont pas liées à ce post sur le HDRx.

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