15 mars 2012

La grande époque des "flares" discrets


En revoyant quelques plans de "Close Encounters of the Third Kind" (Spielberg 1977), je me suis dit qu'il y avait une grosse différence entre les flares d'autrefois et ceux d'aujourd'hui. Ca tenait sans doute à une certaine élégance, une façon discrète de les assumer sans les surligner.

Ceux des années 70 et 80 étaient rares parce que considérés comme des erreurs graves, à moins que la source ne soit dans le champ.
Heureusement les diktats stylistiques se sont assouplis: de nos jours un chef op peut recourir au "flare" sans risquer la chaise électrique.

Aujourd'hui c'est même l'extrême inverse: les éblouissements ne sont plus seulement tolérés mais de rigueur, en tournage et en post. C'est parfois compréhensible, comme dans le dernier "Star Trek". Et souvent "à côté de la plaque" comme dans la majorité des films, des clips et des pubs qui sortent depuis 2 ans.

Méfions-nous de ces modes. Ces images maniérées vieilliront beaucoup plus rapidement que celles qui sont élaborées avec un souci de cohérence et de retenue.
L'année dernière, J.J. Abrams voulait rendre hommage aux films des années 80 en truffant son "Super-8" de flares. Il est passé doublement à côté de son objectif: ses effets étaient à la fois vulgaires et anachroniques.
Excusez ce léger mouvement d'humeur.

Malgré les souvenirs de certains, il y a finalement peu de flares dans Blade Runner. Ce sont plutôt des halos autour des hautes lumières qui signalent une atmosphère chargée de particules.

Peu ou pas de flares dans le trailer de Prometheus.

Serions-nous en train de sortir d'une époque de "flaring" forcené? 

Pour finir avec un sourire:

13 mars 2012

Rousselot se livre

"Je n’aime guère préparer les films, ce sont pour moi de longues semaines où je m’ennuie, et où tout problème me paraît insurmontable. Les story-boards me tombent des mains, tous les décors vus en repérage me semblent impossibles à éclairer. Je trouve les semaines de préparation anxiogènes.
Je rêve d’un film où je ne serais engagé que le premier jour de tournage, et sans avoir même eu à lire le scénario."

Dans la dernière lettre de l'AFC, Philippe Rousselot se livre à des réflexions sur son parcours, son métier, sa philosophie du travail. S'il semble traverser une période neurasthénique - le texte reflète une lassitude, une soif de renouvellement, une quête impossible de relations humaines moins convenues et hypocrites - on en apprend beaucoup sur ce qui traverse l'esprit des gens de la profession. 

Le texte se trouve ici, sur le site de l'AFC.