30 décembre 2007

Andrew Lesnie relève un nouveau défi





Après avoir donné une crédbilité au monde féérique du Seigneur des Anneaux, Lesnie éclaire le quotidien de Will Smith dans le New York désert de I am Legend. Sa lumière semble étudiée pour évoquer la douceur des jours anciens. Elle contraste en tout cas avec le climat de film d'épouvante que l'histoire évoque. C'est un bon exemple où la photo vient appuyer l'histoire en contrepoint. Alors que d'autres chefs op auraient opté pour des jours blancs, tristes ou désaturés, Lesnie baigne ses intérieurs/extérieurs jours dans une lumière de comédie romantique.

Curieusement, je n'ai trouvé aucune interview de Lesnie dans les deux principaux magazines US sur les chefs ops. Aurais-je mal cherché, ou alors cet Australien oscarisé serait-il ostracisé par ses collègues américains jaloux de son succès colossal en-dehors des Unions?

American Gangster: Savides teste un nouveau procédé de désaturation



Sur American Gangster, Harris Savides (The Yards, Zodiac, Gerry, Elephant) n'est pas passé par le digital: tout a été réalisé à l'ancienne, sans quitter le monde du film argentique. Ridley Scott voulait des images très désaturées, tout en conservant des noirs purs. C'était vouloir le beurre et l'argent du beurre et Savides avoue qu'il ne savait pas comment il allait s'en sortir en post-production.
Il a utilisé un nouveau procédé de laboratoire qui rappelle celui de l'ENR (ou "sans blanchiment") qui consiste à laisser une partie des sels d'argent sur la pellicule. Baptisé OZ par Technicolor qui l'a inventé, il applique une partie du processus ENR sur le positif uniquement. Principale différence: les blancs sont plus éclatants, les images semblent plus nettes, les tons intermédaires sont mieux respectés, et les noirs sont vraiment noirs.
Savides reconnaît que les hautes lumières de certaines scènes sont du coup un peu trop cramées.

Pour la petite histoire, il était sorti du tournage de Zodiac en se jurant de ne plus jamais tourner à deux caméras. Or sur American Gangster, Scott lui en imposait au minimum trois et parfois cinq! L'équipe a tourné 8000 plans pour le film, ce qui est un record. Le record précédent du Premier Assistant Caméra de Savides, Eric Swanek, était de 1750 plans sur The Interpreter. Ils ont tourné dans 130 décors différents en à peu près 70 jours. Scott savait visiblement ce qu'il voulait. Si vous le pouvez, allez voir ce film au cinéma. Vous verrez de vraies images argentiques, sans bidouillage informatique. Et elles ont de la gueule.

Kodak sort une nouvelle émulsion: la Vision3

Kodak, sans doute poussé dans ses retranchements par le monde de la très haute définition, sort de nouvelles émulsions à tour de bras. Dernière arrivée: la Vision3, une ISO 500 pour la lumière artificielle.

Daryn Okada, président de l'ASC, est l'un des prescripteurs que le marketing de Kodak a trouvé pour parler du bébé. A l'entendre, c'est un beau bébé:

“The new emulsion has a much wider range of latitude in the overexposed areas,” says Daryn Okada, president of the American Society of Cinematographers (ASC). “I found at least two more stops of range in the highlights, which enabled me to record more details. I got a rich range of colors and skin tones without saturation contamination. Also, there was an almost magical reduction in grain without affecting colors.”

After timing the images in a DI suite, Okada observes, “This new film is very DI-friendly. I could isolate backgrounds and make them darker without introducing electronic noise. I chose to overexpose large parts of the frame in some shots, and it was transparent. That gave me a lot of freedom to fine-tune looks. I think VISION3 widens the gap between film and digital imaging.”

Il est vrai que le photogramme tiré des tests des écarts d'exposition est parlant. On constate surtout que ce film est très performant dans les hautes lumières, beaucoup moins dans les zones sombres. On l'utilisera donc plutôt en complément de la Vision2 Expression.
Cliquez sur l'image pour la voir en plus grand, ou retrouvez-la sur le site de Kodak US.


Les écarts d'exposition sont mesurés par rapport au diaph choisi. On constate qu'il reste des détails dans la zone 7, qui est pourtant surexposée de 6 diaphs par rapport à l'ouverture sélectionnée de 2.8. Par contre le noir est rapidement atteint.

Pour mémoire, les écarts d'expo pour la Vision2 500T Expression:


C'est l'inverse ici: les écarts de luminosité des zones sombres sont très finement restitués alors que les détails commencent à disparaître aux alentours de +2 diaphs de surexposition.

29 décembre 2007

Diffuseurs vs. réflecteurs


Les réflecteurs encombrent la partie du plateau qui est la plus précieuse: celle de l'espace de jeu. L'un des avantages des diffuseurs (sur la photo) est de libérer au maximum ces précieux centimètres carrés.

Vu que ça pourrait vous intéresser, je reproduis ici l'extrait d'une réponse que j'ai donnée par mail à l'un des participants du dernier Cours Lumière. Sa question tournait autour des avantages et désavantages des réflecteurs, par rapport aux diffuseurs.

Je préfère les diffuseurs dans les cas où j'ai assez de lumière (je veux dire assez de projecteurs) pour faire ce que je veux. Dans ce cas jeux peux être plus précis en visant à travers un diffuseur plutôt qu'en rebondissant sur un réflecteur.

En revanche, j'utilise les réflecteurs pour dompter la lumière naturelle, c'est-à-dire essentiellement pour faire rebondir la lumière (ciel, fenêtre, feu, ou même projecteur puissant en contre-jour, etc.) et adoucir les contrastes en débouchant les ombres. Comme "fill", si tu préfères.

Comme je le disais au cours, les réflecteurs encombrent les plateaux (la lumière et le comédien/objet sont du même côté du réflecteur) et sont moins précis.
Mais ils "débouchent" très bien les zones sombres, pour arriver à des noirs qui contiennent encore des détails par exemple.
Il m'arrive de faire peindre l'une des faces d'un poly en couleur "sable du Sahara" (il y a plein de couleurs différentes dans le Sahara, mais tu vois à peu près la teinte) pour que les ombres soient débouchées non pas par du blanc, mais par une légère teinte qui valorise les visages. Ca serait plus difficile à réaliser avec des projos et des diffuseurs en extérieurs.

Colorer les réflecteurs peut aboutir à des effets artistiques intéressants. Quelques rangs devant moi dans l'avion, un type est assis près d'un hublot et le soleil lui tape sur les cuisses. Il a suffi qu'il prenne un petit coussin grenat sur ses genoux pour que toute la cabine soit éclairée en grenat.
Je me sers de ce genre d'effet pour simuler des mouvements de lumière (effet feu, explosions) en agitant des tissus colorés ou des panneaux solides devant des projos. Ca fait un peu "Tiers-Monde", mais c'est efficace.

16 décembre 2007

Sous le soleil d'Ipanema

vue depuis ma chambre...

Je suis allé voir le Grand HMI d'un peu plus près, à l'occasion d'un reportage à Rio. Bien que je ne sois pas très playa far niente, je dois dire que mon hôtel m'incite à traverser la rue et longer la plage jusqu'à Copacabana. Ce matin à 6 heures, j'ai admiré le lever de soleil depuis la plage déserte. Ce soir, bain de minuit. Et demain, au boulot.

10 décembre 2007

Abou Amal - première diffusion

Le long-métrage marocain que j'avais "chefopé" a été diffusé vendredi dernier pour la première fois par la chaîne 2M Monde. Il paraît que ça a été un franc succès ;-)
Pour ceux qui capteraient cette chaîne, le film sera rediffusé selon les horaires suivants:

Jeudi 13 décembre à 16h50 (17h50 heure de Paris)
Mercredi 19 décembre à 10h50 (11h50 heure de Paris)

Je précise cela parce que je constate que 220 visiteurs uniques ont lu le post qui concerne ce film dans les heures qui ont suivi sa première diffusion!

09 décembre 2007

Bilan Fête des Lumières 2007


Le Jardin des Lumières

Bilan mitigé à mon avis: l'un des pièges dans lesquels bon nombre d'artistes tombent chaque année avec les attractions grand public basées sur la lumière, c'est qu'ils se contentent du premier degré, celui qui poussera le spectateur à dire "oh!" ou "ah!". A Lyon on ne compte plus les vieilles bâtisses splashées de rose et de bleu, ou des dias-shows plus ou moins aléatoires projetés sur d'autres façades plus ou moins prestigieuses. Le public fait effectivement "oh!" ou "ah!" et s'en retourne avec l'impression vague que "c'était joli". Or ça n'était pas joli. Ca changeait de l'ordinaire, soit. Ca nous a obligé à lever le nez pour regarder une façade que nous n'avions pas remarqué, soit. Mais ça n'était pas "joli". C'était même assez moche en fait, plutôt vulgaire, bâclé, et surtout dépourvu de la moindre poésie.
En matière de lumière comme en matière de sensations tactiles ou olfactives, nous en sommes restés au niveau des mammifères: nous ressentons mais arrivons rarement à exprimer et analyser ce que nous avons ressenti.

Mon palmarès de cette année pôvrette plébiscite justement deux installations particulièrement chargées de poésie ou d'intelligence: le Jardin des Lumières installé par Sophie Guyot sur la place Antonin Poncet, et En Mille Morceaux de Lumière mis en place par le collectif Tilt sur les berges du Rhône.

Le Jardin, c'est 2000 fleurs lumineuses et quelques jardiniers mystérieux qui les entretiennent, leurs capelines blanches et leurs gestes millimétriques et ralentis évoquant des fantômes, gardiens d'un temple végétal hors du temps. L'une des idées de Sophie Guyot est d'évoquer la précarité et l'impermanence de la Nature en jouant sur le fait que chacune de ces tulipes fonctionne sur une pile et que sa lumière "fane" avec le temps, obligeant les Jardiniers à les remplacer. La charge poétique émouvante de cette installation détonne fortement avec le tintamarre lumineux ambiant.

Mini-interview en pleine fabrication des tulipes:



Les Mille Morceaux sont un éboulis de 170 pixels géants (un mètre cube par pixel), répartis sur 200 mètres des berges du Rhône. Ces pixels changent de couleur et clignotent dans des séquences à la fois cohérentes et énigmatiques. Le collectif Tilt semble aborder ses projets avec une vision à la fois architecturale et artistique, cherchant dans la répétition de formes simples à révéler un lieu sous un jour neuf. Ces cubes sont aussi bienvenus sur les lignes de fuite des berges que leurs "joncs lumineux" complétaient l'univers un peu trop minéral d'une jetée genevoise, qu'ils avaient éclairé il y a quelques années.



L'un des concepteurs s'explique sur une vidéo dans cette page de Lyon Actualités.

Ces deux installations mises à part, rien de bien spécial à signaler, à part peut-être une tentative à demi-réussie: celle d'une boule translucide géante, transpercée de projecteurs puissants censés reproduire sur les façades environnantes l'effet du soleil traversant des vitraux. L'approximation du résultat (ces effets ne sont visible que très ponctuellement) et la dilution du concept dans un spectacle à base de robots lumineux, relègue cette boule à facettes au rang des autres farces et attrapes de cette Fête aux ambitions trop floues.

08 décembre 2007

Fête des Lumières 2007

Ce week-end, escapade à Lyon pour la tradtionnelle Fête des Lumières.



Une petite recherche sur Google images vous donnera un aperçu.

01 décembre 2007

Seoraksan: mission accomplie

Je poste ceci depuis Seoul, de retour de mon expedition pres de la frontiere avec la Coree du Nord. Apres une escalade epuisante, la montagne a tenu ses promesses, et les brumes qui remontaient de la vallee ont ajoute au decor un aspect fantomatique du meilleur effet. Sur les plateaux, on me me charrie souvent pour ma tendance a ajouter de la fumee. Eh bien la-haut, tout seul sur mon pic en Coree, Dieu (ou le Bouddha) m`a parle: "Enfume le monde, petit, tu as raison: c'est toujours plus beau avec un peu de fumee". Je cite de memoire, bien entendu.